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La vidéaste et le chorégraphe

Publié le 09 juin 2010 par Marc Lenot

td1.1275859500.jpgUn hangar au bord de l’eau, la baie de San Francisco derrière, peut-être Alcatraz au loin, des bateux qui passent, des mouettes qui strient le ciel; la lumière du jour finissant, les longues ombres portées, la douceur du soleil de novembre sur le sol noir brillant. Des lignes droites, poteaux, piliers, grilles horizontales et verticales structurant l’espace; quelques diagonales, poutres, rayons lumineux, voile d’un bateau à l’arrière plan. Comme une nature morte, comme un Weisberg ou un Morandi.

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Et deux petits cercles qui attirent l’oeil dans cette image si épurée : deux roues, les roues d’une chaise roulante, quasiment les seules formes rondes ici. Sur la chaise, un vieil homme, qui va mourir huit mois plus tard, ses cheveux blancs parfois pris dans la lumière comme un halo : c’est lui qui dirige ici, d’une voix calme et assurée, qui corrige et reprend. Ses assistants peuvent préciser, répéter, organiser, c’est de lui que tout part, c’est lui qui irradie tout ici. Pas de musique, bien sûr, le bruit des pas seul, et parfois sa voix.

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Craneway Event est un film de Tacita Dean, de près de deux heures, montré à la Frith Street Gallery à Londres jusqu’au 23 juin. Merce Cunningham avait créé Stillness spécialement pour Tacita Dean dans son studio new-yorkais, assis en silence avec 4′ 33″. Elle le retrouve en novembre 2008, filmant trois jours de répétition avec une quinzaine de ses danseurs : la caméra est plus libre, plus proche que pendant une performance, et on observe la construction de la danse séparément de toute musique. Ce n’est pas vraiment un documentaire, même si on reconnait toutes les
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particularités de la chorégraphie de Cunningham, c’est plutôt un long essai sur la forme et la lumière, et la manière dont les corps les habitent. C’est un tribut, un mémorial, émouvant mais pas sentimental, aussi dur et dépouillé que le chorégraphe, bien plus réussi que celui de Boris Charmatz.

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On pourra voir ce film à Paris à la Galerie Marian Goodman du 11 juin au 23 juillet, et de nouveau à la Cinémathèque un seul jour pour le Festival d’Automne le 8 novembre; dommage qu’on ne montre pas Stillness en même temps. Quelques intéressantes critiques, en anglais : The Guardian, Art Review, Canadian Art, et le NYT.


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