Un train peut en cacher un autre. Mettons, dans le cas des obsessions de déplacement, qu'un train en cache un autre. Supposons que ce train qui en cache un autre passe devant un arbre qui cache la forêt.
Vous obtenez ainsi la description du paysage de l'obsession de déplacement. Elle opère un mouvement du visible vers l'invisible, de l'audible vers l'inaudible, et inversement.
Il ne s'agit pas ici de reprendre la vieille terminologie freudienne qui oppose conscient et inconscient, ça et surmoi car ce sont des concepts poreux. Il apparaît de même qu'il soit impossible de délimiter un champ émotionnel puisque les émotions sont inséparables des percepts et des affects. Aucun agencement pertinent ne saurait s'imposer à l'analyse.
Reprenons donc notre train qui désigne notre obsession visible et audible. Elle nous hante. Et, pour paraphraser Paul Auster, nous la hantons aussi. Mais le train caché participe aussi au mouvement de cette obsession de déplacement. Pareillement, le surgissement de l'arbre. Pareillement la forêt escamotée derrière le paravent de l'arbre. Il en découle une fragmentation du paysage de l'obsession de déplacement qui peut conduire le patient à une asthénie chronique et, dans les cas les plus graves, à des troubles schizoïdes, (conflit entre soi et soi), ou paranoïaques, (conflit entre soi et l'autre).
L'actuelle pharmacopée permet de soulager les souffrances des patients mais ne suffit jamais. L'homme est un être de langage. Les mots, grâce peut-être à leurs zones d'ombres elles-mêmes prises dans un mouvement qui les dépasse, (ou les enroule, écrirait Deleuze), peuvent procéder à un replacement de l'obsession dans sa vérité douloureuse. Ce n'est qu'en prenant cette douleur à bras le corps, et c'est toujours de corps qu'il s'agit, qu'une cure commencera vraiment avec un espoir d'apaisement. Mais il faudra fouiller loin en elle, s'approcher au plus près de son origine et de ses augures. Le travail de toute une vie, et encore...
" De l'obsession de déplacement, 2" portera sur les personnages avec Charlotte de Crayencour et Pauline de THéus. Le lecteur y verra une mesure de précaution tant ce blog, de plus en plus traqué, dérange...