4e de couverture : Issue d'une famille miséreuse, Fanny Price est âgée de dix ans quand elle est adoptée par un oncle maternel, Sir Thomas Bertram, qui va prendre en charge son éducation. Accueillie dans le domaine de Mansfield Park, Fanny est élevée avec ses cousins et cousines qui, à l'exception d'Edmund, la traitent avec indifférence ou mépris. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des années en un amour qu'elle garde secret. Quand un bon parti se déclare, Fanny n'a de choix qu'entre un mariage de raison et un retour à sa condition première...
J'ai aimé ce roman, même si j'ai trouvé quelques passages un peu longs. Jane Austen, sûrement très versée dans l'art de la conversation, prend un soin tout particulier à ses dialogues, très bien écrits, mais avec des tirades quelques fois à rallonge. Toutefois, excepté ce petit détail, j'ai été séduite par l'ensemble. Car il s'agit du type même de roman qui tient en haleine (surtout la dernière partie) alors qu'au final, il y a peu d'action véritable. En effet, Jane Austen décrit essentiellement les rapports humains et
sociaux de l'Angleterre du 19e, en s'appuyant sur le personnage de Fanny, jeune fille pauvre recueillie par son oncle, et à qui l'on va rapidement faire ressentir qu'elle n'est pas à sa place à Mansfield. Malgré tout, Fanny, avec sa douceur et son honnêteté, qui tranchent avec les manières dépravées (pour l'époque) de ses cousines (riches), va réussir à inverser la tendance et à faire apprécier toutes ses qualités.
Ainsi, même si l'histoire ne se déroule pas au fil de multiples rebondissements, je suis restée accrochée au récit. Cela tient sans doute à la qualité de l'écriture ainsi qu'à la curiosité qui me saisit quand je lis un récit rapportant les mœurs d'une toute autre époque.
Par ailleurs, à l'instar d'Orgueil et préjugés, lu précédemment, Mansfield Park est plein d'humour et dépeint de manière critique une société dominée par les rapports de classe. Toutefois, il me semble que ce roman est plus nuancé qu'O & P : Jane Austen s'attarde aussi sur la famille de Fanny que la pauvreté, mais aussi les vices (l'alcool notamment), ont rendu par de nombreux points méprisable. Mais elle démontre bien que, placés dans un contexte (et un état de richesse) différent, les personnages seraient eux-mêmes très différents : on n'est pas pauvre parce qu'on est fondamentalement dépravé ou mauvais mais on peut le devenir à cause de la pauvreté ! Fanny fait ainsi le rapprochement entre sa tante, lady Bertram, et sa propre mère, aux caractères très similaires, mais dont le comportement est finalement très différent à cause de leur situation respective.
En bref, un roman que j'ai apprécié et que je conseille !