[Critique] How To Destroy Angels – EP

Publié le 09 juin 2010 par Cuttingpapers


Trent Reznor est un petit malin.
Il voudrait nous faire croire que son groupe n’est plus. Du moins temporairement.
Il voudrait que nos cerveaux oublient pour un moment la machine qu’est Nine Inch Nails.

Alors, il décide de monter un projet parallèle, auquel il joint son épouse la chanteuse Mariqueen Maandig et le producteur Atticus Ross. Projet qu’il baptise How To Destroy Angels.
Et chez le fan, c’est à nouveau l’excitation car, il faut bien l’avouer, Reznor et le son qu’il a produit depuis ses débuts sont uniques, et irremplaçables.

Première question, à quoi ça ressemble ?
Et bien réponse évidente : à du NIN. Ah ben oui, vous vous attendiez à quoi, à ce que notre homme fasse du Lady Gaga ? (Oui, je sais, j’ai un peu de mal avec elle)
Bon, blague à part, c’est un bon et un mauvais point.
Un bon point parce que la qualité des morceaux est au rendez-vous et ils portent tous la marque de fabrique du maitre.
C’est bien simple, on vous mettrait un des morceaux lors d’un blind test que vous hurleriez Nine Inch Nails avant la cinquième seconde.
Ce qui constitue aussi le mauvais point. HTDA, n’apporte pas grand chose de neuf à notre moulin.
Pour faire simple, Reznor ne chante pas, il laisse sa femme le faire (très bien) à sa place, et caché derrière ses machines il essaye de nous dire non, non, regardez, ce n’est pas NIN, c’est tout autre chose. Perdu. En tout cas pour moi.

L’exercice pourra donc sembler vain aux fans aigris, pour les autres et pour ceux qui découvrent, il faut avouer que l’ensemble est recommandable.
Tout commence par un The Space in Between cauchemardesque. Mélodie sombre, mais aérienne qui monte crescendo, transpercée par la voix éthérée de Madame.
Maandig est douée, et sa voix colle parfaitement à l’univers sonore créé par Ross et Reznor…
La seconde piste,Parasite, tape assez vite sur le système. Assez abrasive et bruitiste, et finalement assez dure à écouter.

Sur Fur-Lined, on se met à battre du pied et à secouer la tête dès les premières secondes.
Trent nous refait le coup du morceau Discipline (sur l’album The Slip), et l’adapte de manière plus dark. Même boîte à rythmes martiale et métronomique, même guitares incisives, lancinantes et hypnothiques, etc… Le morceau est addictif et fait partie de ceux qui restent bien incrustés dans le crâne après écoute.

Bbb nous permet de retrouver les ambiances froides et anxyogènes développées jadis par la bête. Entre la voix détachée et la marche aux pas (au sens propre comme figuré) des beats, on est en terrain connu.
The believers, essentiellement instrumentale fait se croiser des rythmes ethniques et des machines en crise. On se souvient alors de Closer où d’autres morceaux de The Downward Spiral.

Cet EP se termine sur A Drowning. Une ballade assez sympathique, oscillant entre ombre et lumière, et qui dirons-nous reste la plus originale de l’EP. La voix douce de Mariqueen se ballade sur une rythmique discrète, en compagnie d’un piano. Ils seront bientôt rejoints par des choeurs fantomatiques et des guitares qui porteront l’ensemble haut, dans un espace lointain.
Sans doute la plus belle des cinq pistes.

Ce premier EP d’How To Destroy Angels n’est somme toute pas désagréable, mais on était en droit d’en attendre peut-être plus de Trent Reznor. C’est vrai, après tout, le gaillard nous a prouvé à plusieurs reprises qu’il savait innover et trouver de nouveaux territoires sonores.
Ici, il se contente de reproduire certains de ses (excellents) schémas, en mettant juste une voix différente que la sienne hanter le tout.
C’est simple, faites le test, à chaque écoute, essayez de visualiser Reznor chanter le morceau et vous vous rendrez compte qu’ hormis le nom et la voix, HDTA est juste Nine Inch Nails déguisé.

En attendant l’album complet, prévu pour 2011, cet EP reste un joli cadeau fait aux fans (et aux autres), un moyen de les consoler d’une absence indéfinie et sans doute un moyen pour Reznor de respirer un peu.

A télécharger gratuitement sur le site du groupe

Et pour vous, le clip aussi Lynchien que malsain de The Space in Between.
Ames sensibles, s’abstenir quand même…