Les quatre épisodes de la mini-série Wolverine : Manifest Destiny de Jason Aaron & Stephen Segovia.
: En rangeant ses cartons lors du déménagement pour la côte ouest avec les autres X-Men, Logan tombe sur la relique d'une vieille affaire qu'il sait devoir désormais conclure, sa mémoire lui étant revenue. Il débarque dans le Chinatown de San Francisco avec un morceau brisé de la Lance d'or, afin de terminer ce qu'il a entamé 50 ans plus tôt...
Pas de billet enflammé aujourd'hui, juste quelques mots sur une des rares mini-séries que j'ai appréciées ces derniers mois (le reste n'étant souvent là que pour faire du remplissage - la preuve, je ne les conserve plus).
Pourtant, rien de transcendant, ni de révolutionnaire. Le scénario colle assez bien à l'univers de Wolverine et joue sur deux périodes en un montage parallèle assez réussi, le passé revenant par bouffées illustrer, expliquer, voire anticiper les événements du présent. Logan retrouve son ex-femme (enfin, l'une d'entre elles...) et en prend plein la gueule (au point d'être piétiné, dépecé et quasi transformé en chair à pâté - même son âme est touchée), se souvient, se fait aider, guider et remettre sur " la Voie " par un de ces sensei qu'on croise parfois chez Daredevil ou Elektra. Puis revient, plus fort, plus déterminé. Plus sage aussi. Avant de payer sa dette.
Les combats sont donc violents et nombreux, assez dynamiques quoique un peu brouillons (le dessinateur, qui se rapproche d'un Leinil Francis Yu légèrement caricatural - surtout pour les visages - multiplie les plans serrés, même si on lui retrouve parfois la patte d'un Silvestri dans les silhouettes en mouvement).
Jason Aaron, pourtant, sur une trame connue, donc, s'amuse à enjoliver les interstices de l'histoire et nous gratifie de quelques dialogues aussi référentiels que jubilatoires, rendant la lecture plaisante et arrachant quelques sourires bienvenus. Certes, la vision de ce Chinatown ne rend pas vraiment hommage au quartier bien connu de Frisco (on y aperçoit tout de même une pleine page de l'entrée du bas de Grant Avenue - je vous y joint une photo que j'y ai prise de l'autre côté de la rue) : les décors sont pauvres et une bonne partie se déroule dans des souterrains.
Mais l'ambiance se rapproche d'un Big Trouble in Little China, notamment en raison des pouvoirs de la bande du Dragon Noir et de l'humour décalé de certaines répliques.
LOGAN : Je frappe depuis longtemps, maître Po, et j'ai les phalanges ouvertes jusqu'à l'os. Je ne peux pas fracasser ça, je ne suis pas Hulk, moi.
MAITRE PO : Non, Hulk est plus malin. Briser la pierre n'est pas une affaire de force brute. Tu peux arrêter net un train avec une plume, si tu sais où la placer. [...] Plus stupide que Hulk, et plus aveugle que Daredevil. Je perdrais moins de temps à t'apprendre à mourir avec dignité.
D'ailleurs, l'influence des films HK est patente, ne serait-ce que dans le tout premier dialogue entre des joueurs de dominos chinois qui parlent de la 36e Chambre de Shaolin et des Cinq Venins mortels. Logan se fait même appeler Fist of Legend ! Quant à l'entraînement de Logan en vue de redorer son blason, il n'est pas sans rappeler, en plus cynique, celui entre Banderas et Hopkins dans le Masque de Zorro.
LOGAN : Je suis peut-être pas intouchable, mais je sais survivre. Tu n'as pas idée du nombre de ninjas que j'ai pu tuer au fil des ans.
MAITRE PO : Les ninjas sont des crétins maladroits. N'importe qui peut tuer des ninjas, même mon chien y arriverait.
Au final, une aventure plutôt épique, mouvementée et sanglante, un peu désordonnée mais qui ravira les amateurs de genre (et du genre). On y trouvera des échos du one-shot de Miller (Logan doit apprendre à se battre comme un homme, et non plus comme une bête enragée) et ça n'est pas pour déplaire. Néanmoins, le script souffre du syndrome des séries parallèles : pour que Logan souffre, on lui diminue ses capacités. Il apprend de ses défaites et revient plus fort que jamais. Le Wolverine qui se fait balayer par le Dragon Noir est bien loin des capacités qu'on lui connaît, et maître Po n'est pas le premier professeur qui lui a appris à se connaître pour mieux se battre.