Plaidoyer pour la « bonne bouffe »

Toutes les époques ont la nostalgie des années révolues, et la cuisine n'échappe pas à cette obsession du regard en arrière :« Vers le début du siècle, l'éminente et millénaire supériorité de la cuisine française fut menacée par deux fléaux : le snobisme de la cuisine anonyme et cosmopolite qui sévit dans tous les palaces et les caravansérails de l'univers, et le goût suranné de cette cuisine compliquée et tarabiscotée qui tend à dissimuler les saveurs et les arômes et à présenter sous des noms bizarres et prétentieux des plats où la chimie se mêle à la prestidigitation. »Dans la série, « c'était mieux avant », devinez qui a écrit ces quelques lignes, plus actuelles que jamais, à l'heure du bilan plus que douteux de la cuisine moléculaire ? Jean-Pierre Coffe ? François Simon ? Gilles Pudlowski ? Perdu ! Cet ardent défenseur de la bonne cuisine n'est autre que le célèbre Curnonsky, de son vrai nom Maurice Edmond Sailland (1872-1956), surnommé à juste titre le « Prince des Gastronomes ». Journaliste, organisateur de dîners, auteur de nombreux ouvrages , il fut aussi le fondateur de la revue Cuisine et vins de France, en 1946.