Il est rare que la scénographie d’une exposition ne soit pas seulement une présentation des objets, une mise en valeur, et qu’elle ajoute une intelligence supplémentaire aux pièces présentées. Trop souvent, la mise en scène s’affirme aux dépens des artistes (souvenez-vous du fiasco de la Force de l’Art) ou se limite à un rôle purement fonctionnel.
C’est certainement parce que l’artiste elle-même a conçu son exposition en fonction de l’espace, comme un véritable montage, mais VOL.VI de la Chypriote Haris Epaminonda à la Tate Modern jusqu’au 30 août est un modèle du genre.
De l’extérieur du côté de la Tamise, dans une vitrine, on voit ce petit vase noir sur une table immaculée et, dans un trou dans le mur, ne laissant voir que l’obscurité des salles intérieures, ce vase blanc homothétique. C’est suffisamment intriguant pourdonner envie d’entrer et pour se prêter au ryhtme de l’exposition : ici une seule image, là un objet (une statuette nègre, par exemple) qui vous entraîne vers la salle suivante, et soudain, au détour d’un mur, la surprise, une accumulation d’objets, une composition.
Objets parfois identifiables, parfois plus étranges (ainsi ce motif des Salines d’Arc-et-Senans), tantôt solitaires, tantôt regroupés, se réondant de salle à salle (commes les chutes d’eau); des photographies, parfois exotiques, des statuettes, des vestiges archéologiques. Au bout, un film avec ce beau zèbre.
Ce n’est pas tant un sens caché qu’il faut chercher là, qui reste mystérieux et déroutant, mais plutôt le rythme, la cadence, la manière dont le corps du visiteur se prête à cet environnement, à ce montage, et les histoires que chacun peut inventer à partir de ces objets, les ‘figments’ de l’imagination.
Je ne connaissais guère cette artiste, à part quelques photos vues Chez Valentin; une partie de son discours me semble bien niais, mais cette série des volumes, commencée ici apparemment, puis là, semble très riche.
Photos 1 & 2 de l’auteur.