Une victoire, un nul et une défaite en matches de préparation… Ce n’est pas brillant. Faut-il croire pour autant que l’équipe de France est condamnée d’avance en Afrique du Sud ? Peut-être pas.
La défaite est « embarrassante » pour Le Monde, elle est « inquiétante » pour Libération… Évidemment, à perdre 1 à 0 contre la Chine (84ème nation au classement FIFA), et qui plus est contre une équipe bis, l’équipe de France ne devait pas s’attendre à des éloges. Du reste, au vu de la qualité de son jeu lors de ce dernier match de préparation à la Coupe du Monde, mérite-t-elle seulement des encouragements? Eh bien la réponse pourrait être bien « oui ». Car malgré leur parcours plutôt chaotique après le stage de préparation à Tignes, les Bleus ne seront peut-être pas ridicules en Afrique du Sud… Cinq raisons d’y croire.
1- L’équipe est stable
Trois matches amicaux, et trois fois la même composition, si l’on excepte la titularisation du gardien marseillais Steve Mandanda face au Costa Rica. C’est bon signe. D’une part parce que même si le dernier match ne l’a pas confirmé, les automatismes entre les joueurs viennent doucement. D’autre part parce que les postes sont désormais clairement attribués. On sait qui jouera à quel poste, on sait qui sera remplaçant. Une hiérarchie qui permet au moins de partir en Afrique du sud avec les idées claires.
Par ailleurs, Raymond Domenech a choisi de conserver durant trois matches un système de jeu en 4-3-3 avec un seul milieu récupérateur, et à l’allure résolument offensive (Ribéry et Malouda d’un côté, Govou et Gourcuff de l’autre). Cette formule n’a certes pas permis aux Bleus de remporter tous leurs matches de préparation, mais elle leur a offert le loisir de porter le jeu dans le camps adverse et de créer des occasions. A défaut d’une recette miracle, c’est sans doute la meilleure option possible à cette heure.
2- Les joueurs « clé » sont en forme
Ribéry court (beaucoup), Gourcuff frappe (plutôt bien, et souvent de loin)… Les plus « créateurs » des Bleus sont en forme, alors même que le premier était encore blessé il n’y a pas si longtemps, et que le second a réalisé une fin de saison très moyenne avec Bordeaux. Là encore, c’est bon signe. Et ce même si d’autres joueurs, comme Govou ou Anelka, n’ont pas donné pleine satisfaction. Reste à allumer des cierges pour que les plus motivés des hommes de Raymond Domenech ne se blessent pas comme Zidane en 2002.
L’équipe de France peut par ailleurs compter sur d’autres bons éléments sur le banc des remplaçants. C’est le cas, bien sûr, de Mathieu Valbuena. Sans être un « Ribéry bis », le Marseillais a cependant su apporter sa vitesse et ses qualités techniques lors de ses entrées sur le terrain. C’est le cas également d’Abou Diaby, le solide et technique relayeur d’Arsenal. Deux hommes sur lesquels compter durant l’épreuve qui s’annonce.
3- L’équipe a une défense
Parfois, elle prend l’eau. Parfois, Abidal et Gallas passent à travers une action. Mais il ne faut pas oublier que le second revient de blessure, a traversé une longue période d’incertitude sur sa participation à la coupe du Monde. Ni que le second évolue dans un poste qui n’est pas le sien au Barça. Ni enfin que l’équipe de France se cherche dans ce secteur depuis quatre ans. Le choix définitif a été fait, et c’est tant mieux.
D’une manière générale, cette défense a donné l’impression d’être en rodage pendant les trois matches de préparation. Ce n’est pas forcément très rassurant, mais mieux vaut encaisser des buts durant ce genre de rencontres plutôt qu’en Coupe du Monde. De surcroît, l’équipe de France, amputée d’un milieu récupérateur depuis le forfait de Lassana Diarra, a accepté de jouer le jeu du pressing collectif. Les Bleus portent beaucoup le ballon, d’abord parce qu’ils font l’effort de le récupérer vite. On peut rêver plus impénétrable. Mais on a aussi vu bien pire depuis 2006.
4- La guerre des égos n’aura pas lieu
C’est certainement l’une des principales leçons de ces dernières semaines. Pour le pire, mais aussi pour le meilleur, Domenech est à la barre de cette équipe de France. Il l’a montré en écartant Benzema et Nasri, il l’a montré encore en retirant à Henry sa place de titulaire et son brassard de capitaine. Les égos se sont tus. Cela ne fera peut-être pas gagner la Coupe du Monde. Mais, à coup sûr, le contraire aurait miné les Bleus de l’intérieur. L’équipe ne sera pas tiraillée entre l’influence de son sélectionneur et celle de ses éléments forts, comme ce fut le cas en 2006.
5- L’équipe ne part pas invincible
Sans doute plus important que tout : l’équipe de France ne part pas en Afrique du sud en ayant fait le plein de confiance. C’est donc en toute humilité qu’elle s’envole vers la compétition. Ses matches de préparation, à défaut de rassurer les Bleus, devraient les pousser à ne pas mépriser les « petits » du premier tour, à être attentifs et à tout donner dès le début. Ajoutons à cela une qualification plus que laborieuse… Les Français ont tout à prouver. Et c’est bien dans ces moments-là qu’ils se sont révélés. Rappelons qu’en 1998, on donnait pas cher de leur peau. Et qu’ils ont atteint la finale de la dernière compétition, quand tout le monde les voyait sortir dès les huitièmes de finale.
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Crédit photos : y.caradec (Flickr)