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Luc Chatel et l’attaque de bisous

Publié le 08 juin 2010 par H16

Alors que le mauvais temps financier continue, je vous propose de vous blottir gentiment au chaud, devant un petit feu de cheminée, et, dans une grosse couverture chaude, de vous faire des petits bisous en parlant éducation. En plus, ça tombe bien, c’est très à la mode actuellement. Petite musique douce dans le fond, le bruit de la pluie de mauvaises nouvelles et du méchant vent boursier sur les carreaux soigneusement fermés, attardons-nous sur les dernières trouvailles de Lucounet Chatelidoux…

L’instruction, en France, c’est tout une affaire.

Une affaire d’éducation, en réalité. Et comme dans notre bisouconomie, tout doit se passer gentiment, sans heurts, sans douleurs, sans affrontements, on utilise un moyen redoutable : le comité !

(ici, insérez un bisou)

Lucounet a bien compris tous ces petits paramètres.

Il aurait pu, par exemple, décider que « Bon, ça suffit comme ça les petits cons qui insultent les profs ! Y’en a marre des trous du culs qui volent et rackettent dans les collèges ! » et, par exemple, assurer d’un soutien ferme et massif de toute la hiérarchie de l’Edulcoration Nationale aux professeurs qui se trouvent parfois dans des situations délicates. Il aurait pu choisir la voie rocailleuse, subtilement Rambo 2 : La Mission.

Mais non. Il a choisi de s’attaquer à un autre problème, dans un autre style : celui des rythmes scolaires.

Question lancinante qui revient environ deux fois par année scolaire (à la rentrée et fin-mai / début juin), le rythme scolaire en France est l’objet d’un débat qui dure depuis plusieurs dizaines d’années, oscillant entre la volonté d’alléger les programmes, les heures de cours, la durée des grandes vacances, ou un panachage de tout ceci.

On se rappelle qu’on aura modifié les longueurs des vacances intermédiaires (passant de une à deux semaines), qu’on aura introduit des décalages dans les académies (zones), puis qu’on aura débattu âprement sur les cours du samedi ou du mercredi matin. Bref : on tripote, on bidouille, on aménage, on change, on modifie ou on improvise.

Et on continue cette fois avec l’idée d’une refonte globale tous azimuts. Ou pas. On ne sait pas trop : le Chatelidoux a pondu sa petite commission, pardon, son gros comité qui doit étudier tout ça pendant un an minimum, et rendre son rapport sur un éventuel changement. On voit qu’on n’a pas lésiné sur l’objectif.

On s’étonne : d’autres systèmes sont possibles, puisque d’autres pays en ont. Et pour les juger, il ne faut pas un an : les données sont connues (eh non : le système éducatif australien, grec ou danois ne sont pas secrets). Pourquoi diable un tel temps à se papouiller devant un feu de cheminée, à se raconter des gentillesses et se faire des petits bisous plein de tendresse pour un sujet dont on connaît, finalement, tous les tenants et les aboutissants ?

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(ici, insérez un bisou)

Ne se moquerait-on pas de nous, en toute amabilité sucrée pleine de coton rebondissant et douillet ?

Ne faudrait-il pas s’occuper des fondamentaux, avant même de toucher le rythme scolaire des charmants bambins qui viennent dans les établissements français, leurs grands yeux pleins de naïvetés et de cette soif de savoir si caractéristiques des générations bien élevées ?

Par fondamentaux, je pense ici aux conditions minimales de travail dans une classe : le calme, la concentration, et … mettons, au hasard, l’autorité du corps enseignant sur les élèves. Non ?

Pourtant, à lire la même presse qui relaie les gazouillis du Lucounet, la situation n’est pas exactement au mieux. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes.

Car alors que Lucounet prépare les tisanes et les biscuits à grignoter en regardant les bûches brûler dans l’âtre en se faisant des petits bisous sous la chaude couverture, en attendant que l’averse passe, les parents d’élèves commencent à sentir que toute cette avalanche de bisous ne va pas résoudre les problèmes de leur progéniture, et que les petits bouts de biscuit dans la couverture, ça gratte, merde.

Alors, ils s’expriment. Evidemment, comme ces parents ont, eux-mêmes, été formés aux magnifiques préceptes de gentillesse, de bisous, de compréhension merveilleuse et de laxisme überdouillet, le tout sans le moindre début de colonne vertébrale à un raisonnement étayé, cela donne des demandes et des remarques contradictoires et inopérantes : ils constatent à 65% que les enseignants n’ont pas suffisamment d’autorité sur leurs enfants, mais, d’un autre coté, contestent de plus en plus souvent celle qu’on applique à leurs moutards, au travers des notes, des appréciations du conseil de classe, des redoublements, des applications du règlement intérieur (comme l’interdiction du portable, par exemple).

«Hier, lorsqu’un enfant était puni par son professeur, il avait droit à une deuxième punition à la maison. Aujourd’hui, c’est l’enseignant qui risque un procès, le parent d’élève vient avec un avocat.»

En parfaits petits socialistes dont la responsabilité individuelle aura été réduite à sa plus simple expression de citoyen festif, bondissant, insouciant et progressiste, les parents d’élèves veulent de l’autorité, mais pour les autres, pas pour eux, pas pour leurs morveux.

Et devant ce constat, qui n’est d’ailleurs pas nouveaux mais dont la réalité commence pourtant à être de plus en plus pregnante, Lucounet déclare (en substance) :

«Mpf moui euh uhm bon euh en ce qui concerne les rythmes scolaires, on va voir si on ne peut pas raboter un peu les grandes vacances ici ou là, peut-être, éventuellement, enfin, dans un ou deux ans, hein, ne vous inquiétez pas.»

Pfffiou, fouhlala, toutes ces émotions me donnent envie de me reposer !

Vite, un bisou !


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