A quoi joue Rama Yade ? La secrétaire d’Etat aux Sports a lancé une polémique sur les conditions d’hébergement de l’équipe de France de football en Afrique du Sud qui lui est revenu comme un boomerang en pleine figure. Et pour cause. Non seulement la benjamine du gouvernement n’était visiblement pas au fait des conditions de prise en charge de nos chers footballeurs mais, son appel à la “décence” en temps de crise sonne creux. En fin d’année dernière, elle s’illustrait en s’opposant seule, ou presque, contre la proposition de députés UMP de supprimer les importants avantages fiscaux des sportifs professionnels.
Rama Yade estimait alors que mettre fin à ces privilèges fiscaux constituait une mesure “dangereuse“, assurant qu’elle “nuirait à la compétitivité du sport Français“.
Il est vrai que la secrétaire d’Etat aux Sports est une jeune femme à la langue bien pendue comme le relève en images 20 minutes .
Dimanche elle déclarait que les Bleus manquaient de “décence” en temps de crise en s’installant pour la Coupe du monde dans un hôtel “clinquant” et leur avait recommandé de se distinguer plutôt en gagnant.
Dommage pour elle, le vice-président de la FFF en charge des affaires économiques, Noël Le Graet, a expliqué depuis sur Europe 1 que la Fifa prenait en charge le prix de cet hébergement.
En revanche, la question des primes allouées aux joueurs et à l’entraîneur pour la compétition et pouvant en cas de victoire suprême s’élever jusqu’à 390 000 € par personne n’a suscité aucune réaction de la secrétaire d’Etat.
Benoit Hamon n’a pas manqué pour le PS de relever cette incohérence : “C’est bien de se préoccuper de la défense ou des conditions dans lesquelles on a logé nos joueurs. J’observe qu’elle est la secrétaire d’Etat qui a permis les pas plus importants en matière de transformation du football en un foot-business de plus en plus lié à l’argent”.
Le 29 octobre dernier, dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), les députés votaient la suppression d’un avantage fiscal accordé aux sportifs professionnels, en grande majorité des footballeurs, au titre du droit à l’image. Proposée par des députés UMP, soutenu par l’opposition, la ministre de la Santé et des Sports et le ministre du Budget, la mesure n’avait rencontré que la ferme opposition de Rama Yade qui déclarait alors dans un communiqué, que “tout arrêt brutal qui aura immanquablement des effets désastreux et durables pour le sport professionnel français”.
La proposition était finalement adoptée malgré le ralliement aux thèses de la secrétaire d’Etat aux sports de quelques parlementaires anciens sportifs, David Douillet et Jean-François Lamour essentiellement.
L’inconséquence de Rama Yade lui a valu une volée de bois vert à la fois du milieu politique mais aussi de la sphère sportive. Le quotidien L’Equipe, évoquait lundi à son sujet dans un éditorial, de “démagogie” et de “posture politicienne”.
Sans citer directement la membre du gouvernement, Frédéric Thiriez président de la Ligue de Football Professionnel fustige dans un communiqué des déclarations de circonstances: “C’est la Coupe du Monde de la démagogie ! Assez de ces attaques de tous bords, de droite, de gauche et du milieu contre le football et les footballeurs. Assez d’hypocrisie. Les faux vertueux sont souvent les premiers à vouloir être sur la photo (…)”
On apprenait hier que Rama Yade n’a pas renoncé à se rendre en Afrique du Sud pour assister vendredi, au premier match des Bleus.
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