En écho au poème
de Reiner Kunze proposé hier dans l’anthologie permanente.
CE GONG
Ce gong c’est en dehors
mais où est-ce ?
Dehors qu’est-ce
Et où suis-je ?
Ce gong est-ce moi hors de moi
Ou en moi ?
Ce bruit de fer
Porté par l’air
À mes oreilles
Si j’étais sourd
Puissé-je l’être
Il serait rouille
Braise dans l’eau
Rat mort
Os carié,
Les fruits d’hier
À quelles dents
Sont-ils échus ?
L’oncle et la nièce
Où est-ce
Qu’ils sont allés ?
Et la liesse
Qu’une saison
Je souhaitai ?
L’ai eue,
Gong
Ou marteau
L’ouïe est enclume
Le sang bouillonne,
Massue la pensée
Alors j’écoute et geins,
Me tais,
Qu’est-ce ?
Le dedans résonne,
L’écho des idées
Tonnant revient,
Est-ce en moi-même
Que je suis pilonné ?
Suis-je ce gong
Par corps
Ou par défaut ?
Ce gong il faut
Qu’il cesse,
Que je sois hors
Ou que l’intérieur clame,
À voix de nez,
Ni pis ni mieux qu’il ne sut faire
Naguère
Et que misère cent fois je l’entendis.
André Pieyre de Mandiargues, L’Age de
craie, suivi de Dans les Années
sordides, Astyanax, et Le Point où j’en suis, Poésie/Gallimard,
2010, p. 341.
André Pieyre de Mandiargues dans Poezibao :
biobibliographie, extrait 1, notes sur la poésie, extrait
2
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