Elle prenait tout son temps. Ce soir, elle voulait être la plus belle. Elle s'était dit qu'elle n'avait plus rien à perdre. Parce qu'elle voulait le récupérer. A tout prix. Quitte à faire sa pute.
Elle refusait l'idée de le voir dans les bras d'une autre. Il était sien. Elle seule pouvait en jouir.
Dans la glace, elle se regarda longuement. Puis d'un geste habile, réajusta la couleur de son mascara. Pour une fois, elle se trouvait séduisante.
Il n'était pas du genre à mentir. Il avait été bien clair. Le jour où il avait décidé de se mettre avec elle, il l'avait prévenue de sa bisexualité. "Je m'en fous" avait-elle répondu. "Je veux juste être avec toi".
Il s'était alors juré de l'aimer jusqu'au bout.
Mais le bout arriva plus vite qu'il ne le pensait. L'année suivante, il rencontra un homme.
La chaleur était insoutenable. Ils étaient allongés sur le lit, à moitié nus. Il la regardait fixement. C'était un regard tendre et triste à la fois.
"Fais-moi l'amour" dit-elle en posant furtivement sa main sur son sexe flétri.
Il se dégagea délicatement.
- Écoute, faut que je te parle...
- Non ! Ne dis rien... Viens là. Ne dis rien. Embrasse-moi.
Ses yeux se remplirent de larmes.
Elle le savait. Il n'y avait rien à dire. Il était depuis quelques temps de plus en plus distant. Elle avait compris. Et cela lui suffisait...
Elle avait décidé de jouer le grand jeu. Elle ne pouvait le perdre. Ça la détruirait. Elle pensait à son corps, à ses lèvres, à sa queue... Ce soir, elle serait sa pute, sa chienne, sa chose. Ce soir, elle le voudrait pour, dans, avec, rien qu'à elle. Ce soir, elle serait fougueuse amante, diabolique mante et passionnelle aimante.
Ce soir, il ne résisterait pas. Elle en était convaincue...
Elle éteignit la lumière de la salle de bain et se dirigea vers le corridor.
Devant l'entrée, elle jeta un dernier coup d'oeil à son miroir. Une mèche rebelle lui tombait sur le visage. Elle était sublime.