Nous entrons dans le mois de décembre et comme chaque année à la période des fêtes, le débat sur l'ouverture des commerces ressurgit. A Nantes, comme cela a déjà été le cas l'année dernière, la mairie a dit NON. Mais pourtant, tout le monde est d'accord n'est-ce pas ? L'actuel pensionnaire de l'Elysée avait fait cette promesse il y a déjà longtemps pendant sa campagne, et l'UMP avait essayé de faire passer un amendement en ce sens l'été dernier. La télé et les journaux vous le répètent : les français sont pour, les sondages le prouvent, et vous êtes abreuvés de témoignages d'untel qui trouve ça plus pratique d'acheter son saucisson le dimanche et d'une-telle qui est bien contente de travailler plus pour gagner plus ! Mais qui est vraiment interrogé ? Probalement pas les commerçants dont c'est le seul jour de repos, les caissières qui aimeraient voir leurs enfants ce jour-là, etc. On nous dit que cela serait basé sur le volontariat exclusivement... Mais le droit du travail ne dit-il pas que l'on peut licencier un employé qui refuse les heures supplémentaires ? Cela devient tout de suite un peu plus contraignant, comme volontariat.
On nous dit "cela permettrait d'embaucher des étudiants ou des précaires qui se feraient ainsi un peu d'argent". Cela n'est pas faux pour certains postes qui demande une formation assez rapide (hôte de caisse par exemple), mais qu'en est-il des vendeurs à proprement parler ? Vous aimez, en achetant un livre (un téléphone portable, un vin millésimé ou un fromage de chèvre pas trop sec merci mais juste ce qu'il faut), être face à un professionnel compétent et à l'écoute qui vous guidera dans votre choix. Pour reprendre l'exemple de la librairie, ce mode de fonctionnement serait tout à fait impensable. Et puis, qui est naïf au point de croire que cette mesure vise à créer des emplois quand il s'agit juste de "flexibiliser" les travailleurs à l'extrême !
De plus, l'année précédente (le 24 décembre était un samedi...) a prouvé que, contrairement à ce que prédisaient des oiseaux de mauvais augure, si les magasins ne sont pas ouvert tel jour, les gens viendront un autre jour : le vendredi 23 a été une journée de recettes exceptionnelles pour l'immense majorité des commerçants, tous domaines confondus, et ceux-ci ont pu passer Noël en famille... Elle est pas belle, la vie ?
Heureusement, si l'unanimité est la règle d'or dans les médias ces derniers temps, le débat montre un peu plus de variété sur le net, où l'on peut trouver quelques billets très savoureux !
Si je suis aussi vigoureuse dans mes propos sur le sujet c'est que, d'une part, je suis concernée en premier chef, mais je ne me fais aucune illusion en ce qu'il s'agit d'une première étape et que, après l'ouverture des commerces, c'est le travail pour tous le dimanche qui deviendra la norme, faisant ainsi faire à la société un bond de 100 ans dans le passé ! (la loi octroyant à tout un chacun le droit au repos dominical date de 1906). D'autre part, ce débat, qui peut paraître anecdotique à certains, me laisse entrevoir un avenir qui me fait froid dans le dos, avec les consommateurs d'un côté (loisir et plaisir accessible 24/24h, 7/7j), et les commerçants de l'autre (servitude au client-roi). J'aimerais me débarasser de cette vision...