Sondages : comment se fabrique l’opinion ?

Publié le 07 juin 2010 par Gezale

« Les instituts de sondage manipulent de plus en plus ouvertement l’opinion et tentent d’imposer les idées ou les candidats qui leurs conviennent le mieux, à eux et à ceux qui en leur commandant ces sondages, les font exister.

On se souvient de la manière dont ils donnaient presque tous le oui largement vainqueur en 2005 lors de la campagne du référendum sur la Constitution européenne. On a vu ensuite, à partir de son succès aux élections régionales de l’année suivante, comment ils ont « fabriqué » la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle de 2007, l’imposant dans les faits au Parti socialiste.

Les voici à nouveau à l’œuvre dans la perspective de la présidentielle de 2012, disant à l’opinion quels sont les candidats convenables à leurs yeux entre lesquels il conviendra de choisir le moment venu. L’exemple le plus caricatural de cette manipulation est celui de la candidature supposée de Dominique Strauss-Kahn. Sondage après sondage, ils ne cessent à l’unisson de nous dire que ce dernier serait le mieux placé pour l’emporter sur Nicolas Sarkozy, dont personne ne sait aujourd’hui compte tenu du rejet massif qu’il suscite dans l’opinion, s’il sera en mesure de se représenter en 2012.

Pour dire les choses simplement, avec Sarkozy, la Droite est dans l’impasse. Elle sent bien que la situation risque fort de lui échapper. Et dans la perspective d’un échec à la prochaine présidentielle et de l’arrivée de la Gauche au pouvoir, elle considère que Dominique Strauss-Kahn, social-démocrate largement acquis aux idées capitalistes serait pour elle le moindre mal. À la direction du FMI, il lui a donné et lui donne encore tellement de gages de bonne conduite libérale. Alors, tout est fait pour l’imposer comme candidat de gauche et ce rôle est dévolu aux instituts de sondage. Dominique Strauss-Kahn qui n’a pourtant pas grand-chose de socialiste n’a jusqu’à présent rendu public le moindre élément de ce qui pourrait ressembler à un début de programme de gouvernement. Mais il s’est déclaré favorable à l’allongement de la durée du travail et à la fin de la retraite à soixante ans. Voilà de quoi rassurer le Medef et les marchés. La machine s’est donc mise en marche et le matraquage fonctionne à plein régime.

Cependant, et pour faire bonne mesure, il faut aussi, dans la même perspective, affaiblir ou marginaliser les autres candidats potentiels. C’est le cas avec Martine Aubry. Chaque nouveau sondage la donnant devancée par Dominique Strauss-Kahn tend évidemment à l’affaiblir au sein du Parti socialiste. La méthode utilisée à l’endroit des autres composantes de la Gauche n’est pas vraiment différente. Chez Europe Écologie et chez les Verts, alors que monte un courant de sympathie à l’égard de l’ancienne magistrate Éva Joly, les instituts de sondage, pour la marginaliser, enquêtent sur la popularité de Cécile Duflot.

Enfin, alors que commence à émerger pour le Front de Gauche, la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, ils enquêtent sur Marie-Georges Buffet, pourtant partante de la direction du Parti communiste et qui plafonnerait disent-ils à 3% dans les intentions de vote. Plus fort encore, au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), pourtant chargé de garantir l’exercice de la liberté de communication dans l’audiovisuel, on ne sait même pas qui est Jean-Luc Mélenchon, absent de toutes les hypothèses électorales. Sans doute vient-il de débarquer d’une autre planète ?

Nous n’oublierons pas de sitôt comment les médias dans leur ensemble, presse et audio-visuel confondus, ont ostracisé le Parti de Gauche dès sa création. Impasse quasi-totale sur son premier meeting le 29 novembre 2008 à l’Île-Saint-Denis et sur son congrès fondateur du 30 janvier 2009 à Limeil-Brévannes ; impasse totale sur le meeting du Front de Gauche au Zénith du 9 mars 2009 pour le lancement des Européennes qui réunit plus de 4.500 personnes. Et nous n’aurons pas ici, sur ce blog ami, la cruauté de rappeler au Parti socialiste combien de personnes il parvint à réunir le 23 mars 2009 pour son meeting du « Printemps des libertés » au même endroit et qui cependant eut droit aux honneurs de la presse et des télévisions.

Ainsi se fabrique jour après jour l’opinion. Et pour contrer cela, internet et les blogs sont incontestablement aujourd’hui un formidable outil pour la démocratie. Il suffit de les utiliser. »

Reynald Harlaut

Parti de Gauche

J'ai publié intégralement le texte de mon ami Reynald, c'est la règle du jeu. Ses pertinentes analyses aident à mieux comprendre les différences à gauche. Avant l'union ?
JCH