Lucian Freud, peignant.
Freud, le psy ? Mais non, le peintre !
Une expo à Beaubourg c’est toujours sympa. T’arrive, t’as le vieux Pompidou qui te regarde et après c’est toujours agréable de monter avec les escalators pour voir l’une des plus belles vue de Paname. Mais bon à ATD, on monte pas des escalators pour rien, du coup on est allé voir l’expo sur Lucian Freud, petit-fils de Sigmund. Deuxième exposition – cette fois-ci pas trop universelle – en moins d’une semaine et cela, rien que pour vos yeux.
Il est aujourd’hui un peintre de renom, il fait partie du cercle assez fermé de ceux qui ont été l’artiste vivant le plus cher de l’histoire de l’art (en 2008 avec cette œuvre, détrônée depuis par Damien Hirst, un autre Anglais…). Lucian Freud est un peintre figuratif, ce qui donne donc des plantes et des corps. Des corps nus et, c’est cela qui marque, ce sont ces corps nus et crus. Sans maquillage ni apparat, le corps est ici rendu tel qu’il est. D’ailleurs, il ne nomme pas ses tableaux comme des « nus » puisque en anglais, le titre donne « naked woman » et non « nude ». Ce choix de titre montre qu’il ne veut pas mettre de distance et seulement faire plus comprendre « voilà la femme à poil » que « corps nu de dame sur descente de lit » ! Tout est très cru.
C’est marrant parce que les Freud sont aujourd’hui des anglais avec un grand « A » depuis que Sigmund a émigré à Londres devant l’avancé des nazis en 1938 et leur propension à toujours vouloir se taper une bière avec l’Autriche. Or en voyant Lucian Freud et ces corps étriqués, on ne peut pas ne pas penser à un grand peintre viennois, Schiele. Schiele a, au début du XXème siècle, révolutionné l’art dans ce mouvement lancé par Klimt « la Sécession ». Dans une société viennoise fermée et huppée, où montrer une cheville était un crime, Schiele a peint des corps nus et crus et fut même emprisonné pour pornographie !
Egon Schiele
Lucian Freud a aussi eu son lot de critique quand il a peint la reine d’Angleterre aux débuts des années 2000. Déjà le truc trop old school, genre la reine qui demande à être peint par le mec à la mode. Pourquoi pas, sauf qu’elle avait zappé que Lucian Freud ne peignait pas dans la complaisance ! Du coup, il a peint la reine avec sa vision, son tracé, e en a fait une femme comme les autres, sans maquillage mais avec une couronne sur la tête !
La reine d'Angleterre, par Lucian Freud.
L’exposition se termine sur des photos de lui en train de peindre. A 88 ans, torse nu, il peint encore ces corps, ou plutôt ses corps, car il s’approprie l’espace et rentre complètement dans ses peintures. Il dit d’ailleurs de son travail qu’il « est purement autobiographique. Il y est question de moi et de ce qui m’entoure ». Faut-il aller voir cette expo ? Oui, déjà parce que bon, au premier cocktail un peu stylé où vous irez, vous pourrez dire « ah ouai non l’expo sur Freud top, tu as vu ces corps nus et crus…», de quoi emballer en somme, mais aussi parce que ça fait du bien de voir une bonne expo. Pour conclure, on se demande quand même à ATD s’il devrait pas se faire analyser celui-là…
Hervé