Shu a passé une mauvaise journée et comme d’habitude, il décide d’observer l’horizon depuis une cheminée d’usine. Mais il ne s’attendait pas à voir une jeune fille à son endroit secret, Lala Ru. Il engage la conversation mais un groupe armée débarque de nulle part et kidnappe Lala Ru pour l’emmener dans un monde parallèle. Shu essaie de la libérer mais il est lui aussi « aspiré » dans cet autre monde, bien loin d’être accueillant….
Dure, dure la culture. Voilà le genre d’animé qui est difficile de critiquer car mon avis est partagé.
Le scénario n’est pas extraordinaire en soi. Un garcon qui se retrouve dans un monde parallèle qui semble avoir connu l’apocalypse, voilà une histoire qui a été vue. Néanmoins, il est vrai que ce qui fait la force de cette série est sans nul doute l’univers particulier. Post-apocalyptique, ce monde de misère est une idée qui se revient souvent quand au futur de notre propre planète. L’eau y est plus précieuse que l’or et les survivants sont prêts à tout pour en avoir, même à tuer leurs voisins. Comment ne pas faire un parallèle avec un hypothétique avenir, qui semble se vérifier un peu plus chaque jour? De ce coté, l’animé est un réussite car on ne peut s’empécher de ressentir un certain malaise en voyant les nombreux paysages de désolation, proche des films comme Mad Max ou autres. Du coup, cette situation catastrophique est idéale pour n’importe quel tyran, ambitieux et sans coeur, comme c’est le cas ici.
Outre un univers flippant et possible dans notre monde, la série aborde des thèmes sérieux qui contrastent avec un design gamin. Voilà le point qui m’a géné car même s’ils s’inscrivent dans une certaine continuité, j’ai parfois eu du mal à continuer. Le 1er est le travail des enfants, incorporés de force dans l’armée d’un fou furieux. Beaucoup n’ont pas plus de 10 ans et sont terrorisés à l’idée de perpétrer ce destin horrible qui a été le leur. Obligés d’obéir aux ordres, on sent pourtant qu’ils frolent la folie, certains par la déprime, d’autres par l’ambition et d’autres par l’illusoire liberté. Mais le thème que j’ai eu le plus de mal à supporter est celui du viol qui revient souvent et de facon trop brutale. C’est un thème fréquent mais là, j’ai eu beaucoup de mal, peut-être parce qu’il est insistant avec des épisodes entiers sur ce thème et ses conséquences.
Pour les personnages, ils sont assez matures sauf le héros. Il est bruyant, loin d’être ouvert d’esprit et franchement énervant à force. Monsieur « je fonce dans le tas avant de réfléchir », voilà une attitude qui me stresse. Mais le plus étonnant chez lui, c’est qu’à aucun moment il ne s’inquiéte sur comment rentrer? Certes, il n’a pas eu trop le temps de se poser la question au début quand une bande de mabouls lui est tombée dessus mais lors des nombreuses séances de réflexion, ce n’est jamais sa priorité. Même quand il se retrouve avec Lala-Ru, il ne pense pas à retourner d’où il vient mais plutot à fuir sur la planète dans un coin perdu. J’avoue ne pas avoir compris ce point car c’est la 1ère chose à laquelle j’aurai pensée.
Pour les autres, on ne peut pas nier le travail car chacun possède un caractère particulier, bien en phase avec la situation et leurs espoirs. Nabuca est, pour moi, quelqu’un de pathétique car il cache sa lacheté et ses actes barabares derrière l’image de la victime. Qu’importe de sacrifier les autres du moment qu’il recouvre sa liberté. Il respecte et déteste le héros car il lui renvoie une image négative alors qu’il cherche tout le temps à paraitre fort et « juste ». Sarah est celle dont le caractère est le plus logique quand on voit ce qui lui arrive, malheureusement, on ne la voit pas assez. Le duo Abélia/Hamdo est intéressant car ils ont des sentiments mutuels mais en décalage. Abélia l’aime à un point tel que ses actes sont contradictoires et logiques à la fois (voir la fin), bien qu’elle soit consciente de la folie du tyran. Hamdo, lui, est incapable de se rendre compte de ses sentiments pour elle car son narcissisme est plus fort alors que sans elle, il n’est rien. Leur relation est un mélange d’amour et de haine, qui n’a pas éclos, sauf à la fin. Mon seul regret concerne Lala-Ru qu’on ne voit pas trop et qui reste au stade, « je ne pipe pas mot mais je n’en pense pas moins ». Vu ce qu’elle est, il y avait surement matière à faire mieux. Bons dans l’ensemble, seul le héros est décevant car on s’attend plutot à ce qu’il soit réussi, ce qui est surprenant quand on voit la qualité de la plupart d’entre eux.
Le design est en 2 temps avec d’un coté des personnages grossiers et de l’autre un décor fascinant. Shu et les autres m’ont fait penser aux anciens animés que l’on regardait il y a quelques années (comme Tom Sawyer). Pas esthétiques pour un rond, il faut reconnaitre que l’animation est fluide (avec toujours cette facilité étonnante à monter ou bondir de 10 mètres). Les fréquents paysages, observés de haut et dans le soleil couchant, sont magnifiques et la conversation que Shu et Lala-Ru ont sur ce point est intéressante. Bien évidemment, la bande son est tout simplement magistrale et porte l’animé vers le haut. Chaque thème est choisi avec soin pour faire ressortir chaque émotion. L’opening n’est pas vraiment bon mais il s’écoute, par contre, l’ending est superbe et colle avec l’aspect dramtique de la fin de chaque épisode.
Plein de qualités indéniables, certains points m’ont géné. Le malaise ne m’a jamais quitté alors que l’histoire m’attirait vraiment. A voir.