"La rigueur cassera la croissance", encore un contre exemple remarquable

Publié le 06 juin 2010 par Objectifliberte

A l'appui de mon plaidoyer anti-stimulus et pro-rigueur de lundi dernier, une étude du Cato Institute s'intéresse à la période 1945-1947 aux USA (Taylor et Vedder, PDF, présentation Html). A tout prendre, l'économie n'était guère plus florissante que maintenant. La guerre avait augmenté la dette du pays à des niveaux encore supérieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui, de 50% avant guerre à 120% du PIB après, et la démobilisation générale allait rendre à la vie civile plusieurs millions de militaires, laissant craindre une remontée stratosphérique des taux de chômage. Entre 1943 et 1945, les déficits courants de l'état US avaient atteints jusqu'à 27% du PIB. Naturellement, dès la fin des hostilités, il apparut clairement que des réductions drastiques de dépenses étaient indispensables pour ne pas aller dans le mur.
L'administration Truman décida de s'engager dans le plus vaste plan de réduction des dépenses publiques jamais entrepris: les dépenses passèrent de 84 milliards à... 30 milliards de dollars (de l'époque) en deux ans. Deux tiers de réduction ! En outre, il acheva de faire sauter presque toutes les dispositions réglementant le marché du travail établies par son ex patron, Franklin D. Roosevelt (dont il était le vice président), dont vous trouverez la liste ici.  
Ce qui est frappant, est que comme aujourd'hui, en 1945, tous les commentateurs prévoyaient un retour de la grande dépression. "La baisse des dépenses publiques allait casser la croissance", entendait on partout. Pour parler comme aujourd'hui, "il y avait consensus scientifique" sur la question.
La réalité a totalement déjoué ce pronostic: l'économie à recréé 4 millions de postes de travail en deux ans, permettant de maintenir la légère hausse du chômage liée à la démobilisation, à 4,5% de la population active au maximum. Le gouvernement fédéral a enchainé des excédents budgétaires de 6% du PIB, permettant de rembourser le trop plein de dettes en un temps record. Et surtout, tant la dépense des ménages que celle des investisseurs privés se mit à croître.
La période 1945-1947 correspond sans doute à la plus forte coupe budgétaire subie par un état dans l'histoire de l'humanité. Alors que toute la classe politico-économique de l'époque y voyait une menace, ce fut au contraire le catalyseur de la formidable ascension de l'économie américaine après la guerre. Cette période est sans doute la meilleure illustration par le contre-exemple de l'effet d'éviction de l'investissement privé par la dépense publique. 

Et, non, "It's not different this time".

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Etude Cato trouvée via Alex Korbel - Blog récent et déjà parmi les tous meilleurs
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