Quelles que soient les analyses et les solutions proposées au sujet des «retraites» (si mal nommées, cf. la première partie de cette contribution), il faut affronter les FONDEMENTS de cette affaire internationale : «le» travail, «la» production-productivité, «le» temps libre. Comme pour «les retraites», les guillemets s’imposent pour ces termes fondamentaux, parce qu’ils sont instrumentalisés par un type de pensée dogmatique, notamment dans cette affaire, libérale et ultra-libérale. Celle-ci n’hésite pas à énoncer des généralités-mantras répétés de manière magique, «le travail et pas l’assistanat» par exemple, «Travailler plus pour gagner plus». Mais qu’est-ce que travailler ? Est-ce que tous les travaux «travaillent» ? Et pourquoi dans notre monde certains qui ne travaillent jamais gagnent toujours plus ? ! Car le fait est que nous vivons dans la contradiction permanente : l’éloge de la production et du travail, pendant que tout le monde pense à ne pas travailler pour vivre (les salariés avec les week-ends et les vacances, les capitalistes avec tout leur temps libre), mais aussi la dénonciation de la production et du travail (l’exploitation des travailleurs, la décroissance, les constats écologiques). Si «travailler», c’est être occupé à faire, les activités ne sont pas comparables : certains travaillent beaucoup et gagnent peu, d’autres travaillent peu et gagnent beaucoup, mais en outre, les activités se différencient par leurs conditions, leurs cadres, leurs effets, extérieurs et sur celles et ceux qui les réalisent. Il y a du travail-passion (le pianiste qui est fou de musique et de piano, l’artisan qui aime travailler un matériau), il y a du travail-de-construction, à effets multiples (l’ouvrier-artisan dans la construction, l’enseignant qui fait apprendre et qui apprend au fur et à mesure), mais il y a aussi du travail-mise en danger de soi (le mineur, les employés dans les centrales nucléaires, etc), à cause de l’activité elle-même, du cadre, des relations interprofessionnelles. DONC toute généralisation qui servirait des conclusions dans un sens ou dans un autre est, dans ce domaine comme dans tant d’autres, abusive, alors qu’il faudrait prendre en compte toute la chaîne de causalité des travaux et des activités, les environnements, les effets à court, moyen et long terme, ET LE FAIT que, pour tous les êtres humains, la vie ne se résume pas, et ne DOIT PAS se résumer « au travail » puisque le système international est basé sur les moyens de l’éviter, le fuir, l’annuler. Et dans la fameuse «création des richesses», les activités de production sont une des conditions, mais une seulement, puisque les échanges sont également déterminants. Celles et ceux qui «ne travaillent plus», c’est-à-dire dans la production salariée (les retraités) « travaillent » économiquement, par leur participation aux échanges. Il faut donc constater que, face à ce sujet si remarquable et décisif, les leaders politiques et économiques ne sont pas dans un état d’esprit sérieux et adéquat, puisqu’il ne s’agit pas pour eux de penser des situations et des évolutions, de faire des choix intelligents et justes, mais seulement de contraindre les réalités à subir des principes hyper généraux et si peu généreux, alors que, pour la plupart, ils ne sont même pas réellement concernés par le sujet dont ils parlent, étant, d’une manière ou d’une autre rentiers.