Mais footez-leur la paie!

Publié le 07 juin 2010 par Allo C'Est Fini

C’est dur, le métier de footballeur professionnel. Regardez nos valeureux 23 sélectionnés pour la phase finale de la Coupe du Monde: rien ne leur a été épargné: les soupçons de dopage sur l’un d’entre eux – qui, malgré le suivi médical qu’on peut imaginer de la part d’un grand club espagnol, a dû attendre son stage en haute montagne pour apprendre la grave pathologie dont il souffrait – puis les rumeurs de mise à l’écart du plus titré d’entre eux, sans parler de la campagne indigne de ces derniers mois sur les escapades amoureuses d’un trio au coeur léger…

Et voilà qu’on les attaque au portefeuille, désormais. Cela a commencé la semaine passée, avec les 390 000 euros de prime en cas de victoire (assez improbable, cependant) en finale: on se demande si ceux qui ont fixé leur salaire ne travaillent par pour Saturne.fr… Et désormais, sur le tarif de leur chambre d’hotel: 600 euros la nuit, petit-déjeuner inclus, quand même.

Mais que voulez-vous que cela leur fasse? 600 euros, soit le tiers d’un mois de salaire d’un chercheur, c’est même pas le tarif horaire d’un footballeur de haut niveau. Si, si, comptez-bien: 600 * 24 *30 = 1440 * 30 = 43 200. En un mois, un joueur du talent d’un Henry ou d’un Malouda doit toucher à peu près dix fois cela.

En levant le voile sur les conditions d’hébergement de nos 23 meilleurs joueurs, Rama Yade lance un faux débat. Que leur demande-t-on, à ces 23 pauvres hères? Du muscle, du poil, de la sueur, de l’arrogance, parfois des buts. Mais certainement pas du respect, ni en temps de crise, ni ailleurs. Encore moins un sens de l’économie.

Le seul intérêt de la percée de la secrétaire d’état au sport, c’est de lancer l’ébauche d’une étude sur la corrélation entre résultats sportifs et condition d’hébergement. En effet, Rama Yade nous invite à comparer les conditions spartiates dans lesquelles la sélectione espagnole, jeune, talentueuse, mordante, a décidé de passer les prochaines semaines: un centre universitaire.

Dès le 22 juin au soir, au saura donc qu’est ce qui contribue au succès d’une poignée de footballeurs:
- que l’Espagne passe le premier tour et la France sorte: l’esprit universitaire l’emportera
- que l’Espagne et la France quittent toutes les deux l’Afrique du Sud: on dira qu’on n’est pas plus avancés
- que toutes les deux passent le premier tour: cela nous invitera à scruter les étapes suivantes
- enfin, que nos 23 petits bleus footent une tannée à leurs adversaires et que l’Espagne s’en aille piteusement, comme cela a si souvent été le cas: le luxe, l’arrogance et l’argent roi auront alors le dernier mot.

Merci Rama, pour cette invitation à un test grandeur nature sur l’incidence de l’argent sur les résultats sportifs…