La nouvelle est passée inaperçue tant sur les radars politiques français que dans la presse mainstream ; aucun gros titre, aucune vague, aucun bruit. Les sphincters républicains sont restés crispés et il n’y aura eu aucune fuite. Pourtant, l’information mérite d’être largement commentée : la SNCF a perdu son triple-A, la meilleure note possible, sur les titres des emprunts qu’elle fait.
Côté SNCF, les commentaires, feutrés, calmes et particulièrement rassurants, se la jouent sur le mode « AA+ ? Mais c’est une très bonne note ! » Si l’on venait de B, oui, ce serait une bonne note. Mais on vient d’au-dessus ; il s’agit donc d’une contre-performance, chose qu’on s’empresse de cacher derrière un petit « Concrètement, la charge financière supplémentaire sera tout à fait faible pour la SNCF, de l’ordre de quelques millions d’euros. »
Ça tombe bien : la SNCF fait du bénéfice comme jamais (c’est pour ça qu’elle emprunte). Un millions en plus ou en moins, qui va voir la différence ?
En pratique, le AAA de la SNCF était assuré parce que les emprunts de cette dernière sont garantis, derrière, … par l’Etat Français lui-même.
Ne nous leurrons pas : S&P ne peut pas dégrader la note de la France directement, brutalement : les conséquences sur les marchés financiers seraient immédiates et violentes. Mais en utilisant la SNCF, il a envoyé un avertissement limpide : la signature de l’état n’est plus suffisamment solide pour offrir un AAA à la SNCF ; en somme, il a baissé la note de l’État par procuration.
Le message est lumineux, le danger évident. Pendant ce temps, les politiciens reprendront deux fois du champagne.