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[Soirée DVD] The Doors de Oliver Stone

Publié le 07 juin 2010 par Cuttingpapers

The Doors de Oliver Stone
A l’occasion de la sortie mercredi du film When You’re Strange du non moins étrange et talentueux Tom DiCillo, j’avais envie de regarder le biopic qu’ Oliver Stone avait consacré à ce groupe de rock hors norme dans les années 90 (apogée de sa carrière, nous en avions déjà parlé ici).

J’ai écouté les Doors, je suis fan de leur musique, mais à vrai dire je ne connaissais leur histoire que globalement (du moins jusqu’à la vision du film et aux recherches que j’ai faites après).
Je n’ai jamais été un fan ensorcelé de Jim Morrison, et au final tout ce que je savais se cantonnait à la version grand public.
C’est donc avec un œil vierge (mais pas l’oreille) que je me suis plongé là dedans.

Et je dois dire que je n’ai pas été déçu.
The Doors est un bon biopic, dans lequel Stone ne fait pas que narrer l’Histoire, mais laisse suinter son point de vue sur le personnage qu’il décrit ainsi que sur l’époque dans lequel il a vécu.
Et c’est ce qui a sans doute fait que le film déplut à pas mal de fans…

Le film commence donc dans les années 60 peu avant la création du groupe mythique, et se termine à la mort du Roi Lézard en 1971. Il oscille entre anecdotes personnelles, morceaux live et séquences hallucinogènes, nous donnant la sensation de planer (parfois) et de suivre au plus près le parcours des Doors (souvent).
Que ce soit la création de la chanson Light My Fire ou lorsqu’ils tapèrent dans l’œil des dirigeants d’Elektra, chaque moment clé donne la sensation de se tenir là, à côté du mythe et d’assister avec bonheur à ces moments.

Cependant, même si les membres du groupe que furent Manzarek, Densmore et Krieger sont assez bien couverts, le film se concentre en grande partie sur son leader : Jim Morrison.
Ce qui permet à Val Kilmer de livrer une prestation hallucinante.

Loin du personnage bouffi qu’il est devenu aujourd’hui, l’acteur endosse littéralement la peau du chanteur.
Ressemblance physique, gestuelle et vocale. Bluffant.
A tel point que les membres restant eurent du mal à dissocier la voix de Kilmer à celle de Jim lors des séquences de concert.
Aaaaaah, les concerts ! C’est là que notre Val se montre le plus impressionnant. Habité. Ce serait le mot le plus approprié tant la prestation qu’il livre dans ces moments paroxysmiques (hop, et un de casé) de débauche du sieur Morrison sont remarquables.
Les moments les plus épiques étant les concerts de Miami (sommet de décadence où il insulta la foule et fut accusé d’outrage) et Los Angeles.

Pour ce qui est du portrait de la star, maintenant, les avis divergent, ce qui peut facilement se comprendre.
En effet, Oliver Stone, en bon élément perturbateur de l’Amérique qu’il était à l’époque, navigue entre fascination et répulsion pour son sujet d’analyse.
Loin de l’imagerie d’Epinal que s’en font encore aujourd’hui pas mal de jeunes, le film met en scène la vie d’un génie sensible, certes, mais aussi d’un sacré connard, lâche et décalqué par les substances plus ou moins licites qu’il ingurgitait en quantité astronomique.
Une fois n’est pas coutume, Stone écorne le mythe et en profite pour parler à travers son personnage principal.

Messages sur les Indiens, mais aussi critique du mouvement hippie comme le fit Morrison à la fin des années 60.
Il s’agit ici de tacler une nouvelle fois le rêve américain et ses dérives.
On passe donc dans les partys d’Andy Warhol (méconnaissable et illuminé Crispin Glover), dans des orgies diverses et variées, au fur et à mesure que Morrison prend conscience de sa déchéance et de l’hypocrisie du monde qui l’entoure sans vraiment pouvoir faire quoi que ce soit…

Musicalement, on a droit à pas mal de standards du groupe, de Light My fire à Riders on the Storm en passant par The End, en versions live ou studio. Ce qui a l’immense mérite de donner l’envie de se replonger dans la discographie des Doors.

Bon, malgré tout, et après m’être renseigné, le film n’est pas exempt de reproches.
D’un point de vue historique tout d’abord puisque certains événements mineurs ou majeurs ont été rajoutés ou racontés de manière erronée (la scène ou Morrison et sa copine journaliste traînent dans les douches, la scène ou il jette une télé à la tête de Ray Manzarek après avoir vu une pub utilisant Light My Fire – là encore, cette pub n’a jamais existé).
D’un point de vue technique ensuite car The Doors comporte quelques longueurs (notamment lors des concerts) qui risquent de laisser le non fan de côté, mais aussi dans la prestation de Kilmer que l’on pourra parfois trouver hystérique (ce qui n’était pas mon cas), ou les séquences de trip (belles, mais que l‘on pourra trouver casse-couilles).
Enfin, au niveau de Morrsion lui-même, vraiment dépeint ici comme un paillard assez violent, ce qui si on se réfère au dire du groupe, n’était pas aussi le cas au niveau montré ici.

Quoi qu’il en soit, The Doors reste un film incontournable, dans la filmo de Stone d’une part, mais aussi pour toute personne souhaitant découvrir le groupe et sa musique ainsi que tout fan « sensé » souhaitant voire une interprétation différente de la vie de Jim Morrison.
Poète hermétique, chanteur habité, homme à la sensibilité à fleur de peau, à la fois lâche et aimant, déglingué et lucide, finalement bien plus humain que divin.
Une évocation rock n’ roll à ne pas rater !


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