Mieux avec moins

On dit couramment que gouverner c’est prévoir. Apparemment, nos gouvernants n’avaient pas pressenti la crise, réputée imprévisible, quoique…Mais il est des domaines où prévoir est aisé.

Considérons un instant, exprimés en milliers, les nombres de naissances comptabilisées par l’INSEE chaque année depuis 1994 : 711, 730, 734, 727, 738, 745, 775, 771, 762, 761, 768, 774, 797, 786, 796, 804. Si l’on peut constater parfois de légères baisses d’une année à l’autre, la tendance générale est à la hausse : de 1994 à 1999, l’accroissement a été de 4,8% ; de 1999 à 2004 de 3,1% ; de 2004 à 2009 de 4,7%. Les enfants nés en 1999 ont déjà commencé à accéder au collège, 5% plus nombreux que leurs prédécesseurs nés en 1994. Et puisque les incapables qui nous gouvernent s’amusent à des projections en matière de retraite aux années 2030 et au-delà, puis-je respectueusement leur signaler que, dès 2020, nos collèges verront déferler une génération 8% plus nombreuse que l’actuelle ?

Etant donné que les enseignants sont des professionnels qu’il convient de former et qui ne sauraient vivre de CDD en CDD, il faut dès maintenant augmenter leur nombre et certainement pas, avec des raisonnements de boutiquier (pardon, pour les boutiquiers), en ajoutant un élève par classe ici, supprimant une petite classe par là, détruire des postes par milliers.

J’entends déjà la réplique de nos experts ès éducation: « ce n’est pas le nombre qui compte, ce qu’il faut, c’est faire mieux avec moins ». Banco ! Il y a plus de dix ans, l’entreprise qui m’employait, paraît-il pour sauvegarder l’emploi, décida de baisser les salaires en supprimant définitivement la prime de fin d’année, d’un montant d’un mois, versée pourtant depuis des décennies. Ma famille a alors tout simplement fait moins avec moins. Puis-je suggérer à nos dévoués ministres de nous démontrer la faisabilité de leur slogan et d’accepter une baisse de 10% de leur rémunération. A nouveau, j’entends les cris : « l’économie réalisée ne sera pas significative ». Voire ! Quand on en est réduit à imposer les indemnités des accidentés du travail, on est prêt à ramasser les moindres centimes.