Le 23 mai dernier, ABC a diffusé l’ultime épisode de la série culte des années 2000. La fin de six ans de galères pour les rescapés du vol Oceanic 815, et l’occasion pour les fans d’obtenir enfin les réponses tant attendues à leurs multiples questions. Une saison cruciale pour prouver au monde que les créateurs de la série ne se sont pas amusés à balader le public au gré de leurs fantaisie, mais qu’ils savaient bien où ils allaient, comme ils l’affirmaient depuis le début. Alors, au final, pari tenu ?
Avant de commencer, un petit avertissement. Cet article tente autant que possible d’éviter les spoilers, mais il est tout de même conseillé aux personnes n’ayant pas encore vu la saison et désirant conserver la surprise intacte de passer leur chemin…
La saison 6 s’ouvre sous les meilleurs auspices, sur un double épisode haletant s’intéressant bien évidemment aux conséquences du coup de poker tenté par Jack dans le final de la saison précédente. Un épisode rythmé, extrêmement émouvant (on y assiste à la mort déchirante d’un personnage) et délivrant son lot de révélations (sur la nature du monstre de fumée noire notamment) et de mystères (les « flashs-sideways » montrant un univers alternatif dans lequel l’île aurait été détruite et par conséquent le vol Oceanic 815 ne se serait pas crashé). Les quelques épisodes suivants continuent sur le même rythme soutenu, et on commence enfin à comprendre un certain nombre de choses (notamment sur le rôle de Jacob et la mystérieuse résurrection de Locke), le suspense étant de plus largement entretenu par les fameux flashs-sideways. Une idée originale et puissante, surtout lorsque les personnages commencent à se reconnaitre dans la réalité alternative et à se souvenir de l’existence qu’ils n’ont a priori pas vécue. Un bon moyen aussi de maintenir la pression, surtout lorsque les aventures des héros sur l’ile commencent un peu à tourner en rond.
Car le léger défaut de cette saison, c’est finalement de simplifier à l’extrême une histoire qu’on espérait un chouia plus complexe qu’une « banale » histoire de lutte du Bien contre le Mal. Une orientation un peu décevante il faut avouer, qui fait que cette saison se résume assez vite à une scission entre deux groupes antagonistes tentant de parvenir à divers endroits de l’ile avant l’autre, ce qui peut vite lasser. Heureusement les scénaristes n’ont pas été totalement manichéens, et tout n’est pas seulement noir et blanc, comme le montrent certains épisodes sur le passé de Jacob. De plus, ils ont suffisamment de bouteille pour garder le spectateur accro jusqu’à la fin, grâce à de nombreuses trahisons et retournements de situation, de nouveaux éclairages sur certains protagonistes phares (le magnifique épisode Ab Aeterno dévoilant l’histoire tragique de Richard Alpert), voire des sacrifices déchirants (on versera plus d’une fois sa petite larme). Et puis comme dans toute ultime saison qui se respecte, cette saison 6 est l’occasion de faire revenir un certain nombres de protagonistes, qu’ils soient décédés ou non : Claire, Libby, Michael, Desmond, etc.
Maintenant, passons au final de la série, qui a fait tant couler d’encre parmi les fans et les a totalement divisés. Grosse arnaque pour les uns, parfaite conclusion au show pour les autres, une chose est sûre, cette fin fera encore parler d’elle pendant de longues années. Sans vouloir trop en dévoiler, il faut avouer que ce dernier épisode peut laisser perplexe. Pas forcément sur les points habituellement avancés, comme l’absence de réponse à tous les mystères du show (les créateurs avaient prévenu qu’il en serait ainsi), mais plutôt sur certains raccourcis venant remettre en question tout ce que la saison 6 avait tenté d’établir. On ne comprendra par exemple jamais vraiment pourquoi l’Homme en Noir devait absolument rester sur l’île, vu qu’il était présenté au début comme l’incarnation du Mal absolu, jusqu’à ce que l’épisode Across the Sea ne vienne infirmer cette hypothèse, et même donner une explication totalement différente sur le rôle de l’île. Un revirement un peu gênant, mais qui n’est pas le point d’achoppe principal qui divise les foules. Non, ce qui a fait le plus grincer des dents (et c’est compréhensible), c’est plutôt la résolution de l’énigme des fameux flashs-sideways. Sans trop vouloir en dévoiler, disons juste que le final de la série est entièrement centré sur ceux-ci, mais que malheureusement la solution n’est pas vraiment à la hauteur du mystère soulevé. Le plus dérangeant, c’est surtout qu’au final on s’aperçoit que ces flashs-sideways n’avaient absolument aucun lien avec la trame principale et les mystères de l’île, d’où un léger arrière-goût de duperie qui reste après visionnage de cet épisode. Cependant, on appréciera tout de même la tournure plus émotionnelle que réflexive prise par ce final, certes un peu facile, mais qui permet de dire adieu aux personnages de façon très émouvante.
Un final en demi-teinte, donc, mais qui heureusement ne viendra pas gâcher le plaisir ressenti au cours des années à suivre les aventures des rescapés du vol Oceanic 815. Lost restera donc malgré tout une grande série qui aura marqué durablement les années 2000 de son empreinte.
Note saison 6 : 7/10
Note globale série : 8/10