Voici le temps du deuxième album pour Faustine Seilman. La jeune femme a pris le temps après "Silent Valley", qui lui a valu quelques belles critiques, à l'époque déjà bien méritées. Lorsque l'on égrenne la liste des artistes avec qui elle a partagé la scène, on saisit l'ampleur du talent de Faustine Seilman : Vic Chesnutt (RIP), Alela Diane ou encore Moriarty ou Thee Silver Mount Zion. Malgré tout cela, je suis malencontreusement passé à côté du disque, mais aussi de ses prestations live. Il est donc grand temps de se rattraper avec "Whispers & Shout".
Et nul doute que celui-ci devrait lui ouvrir une voie royale. En onze titres, Faustine Seilman prouve qu'elle est déjà une grande, capable d'écrire tout type de chanson avec un talent égal. Si le piano est souvent le centre de ces chansons, elles sont souvent transcendées par une orchestration millimétrée, d'une simplicité absolue mais d'une sobriété admirable. Avec sa voix grave, la jeune songwriter nous amène dans de longues ballades, dans des titres plus sombres, au ton toujours contrasté, entre ombre et lumière. La maîtrise de la jeune femme lui permet d'offrir un titre aussi parfait que "Prison of Gold", plein de tiroirs mélodiques, qui s'ouvrent et se referment, avec sa propre vie, tour à tour triste et palpitante. Il y a beaucoup dans ce titre, presque tout : passion, rage (final déchirant), et talent brut, qui évoque aussi bien Shannon Wright qu'une version féminine de Vic Chesnutt. Mais la jeune femme dresse avec autant de talent des toiles plus rock ("The Young Man and the Sea", "Lost Friends"), pop nerveuse ("Never Ending Song"), très 80's ("Shout or Shut Up") ou éthérée ("Facing the Ocean", écrite avec le renfort de The Healthy Boy, autre artiste nantais), quand elle ne délivre pas de leçon dans ces longues ballades au piano, majestueuses et riches de tant de choses que le charme agit dès la première écoute et encore longtemps après. Dans cette catégorie, comment ne pas succomber à "The Young Man and the Sea", "The Shepherd" avec son battement de cœur venu de la batterie, ou encore "Laissez-nous là", écrite avec le concours de Marcel Kanche et en français, et pleine d'une pudeur qui s'efface progressivement. Sur une dernière pirouette de piano, une micro comptine pop d'une minute, Faustine Seilman referme ce disque, admirable de caractère et de brillance.
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Tracklist :
'One Way Trip' / Never-Ending Song / Facing the Ocean / Prison of Gold / Strange Ways / Shout or Shut Up / The Young Man and the Sea / Lost Friends / Laissez-nous là / The Shepherd / Plic Ploc