Shincha 2010, fin

Par Florentw
"Une année aussi catastrophique, c'est du jamais vu !". Cette phrase, qui est sortie de la bouche de plus d'un producteur ou marchand vétérans, suffirai à résumé le thé japonais nouveau édition 2010. 
J'en ai déjà suffisamment parlé sur ce blog, la faute au froid, au givre. A l'heure où j'écris ces lignes, la première récolte n'est pas encore finie dans certaines régions ! En même temps, le seconde est bien avancée, voire même finie à Kagoshima, régions productrices méridional, seul département à avoir été épargné par les caprice de mère Nature (si l'on exclu les éruptions du volcan Sakurajima !). Ainsi, nombreux sont les détaillants et grossiste à n'avoir pas encore fini leur approvisionnement en thé première récolte pour l'année. Là encore, il s'agit d'une situation inédite. Pourquoi ce retard qui vient s'ajouter à celui des récoltes ? Tout simplement parce que les prix du marché ont atteint des sommes folles, dû à la rareté des produits, et à la plus grande rareté encore des produits de qualité. On attends que les producteurs revoient leur ambitions à la baisse. Mais ces producteurs, on ne peut pas les blâmer de faire grimper les prix, dans la mesure où leur production est quantitativement faible, et que c'est pourtant bien la vente de leur première récolte qui constitue la plus grosse partie de leur revenu pour un an.
J'en connais un, un détaillant, qui voit les choses ainsi : "à quoi bon attendre ? même si les prix baissent, cela ne change rien à la qualité médiocre de la majorité de ce qui nous est proposé sur les marchés!". Ainsi, peu de thés nouveaux en comparaison des années précédentes, et vente des produits de l'an dernier, bien meilleur.
Cependant, chez Maruyama-en, je trouve que le boss s'est finalement pas mal débrouillé, avec même certains thés meilleurs que l'an passé. Pourtant, ce qui fait mal, c'est les produits à base de thés de type Makinohara ou Kakegawa (etc), autrement dit, le thé des plaines de Shizuoka. Là, clairement, sans être mauvais, les produits sont un niveau en dessous. Manque de douceur, manque de goût. Et ces produits représentent une partie importante de notre catalogue. Aussi, bien sûr, le retard est important, à vrai dire, il y a encore 4 ou 5 de nos première récoltes qui ne sont pas encore disponibles. 
Pour en revenir à une vision d'ensemble sur le ichiban-cha 一番茶 (thé première récolte) 2010, comme je l'ai dit dans mon précédent billet, d'excellents thés ont malgré tout vu le jour. Mais, l'ensemble reste pas au top, les revenus des producteurs pour 2010 sont maigres, et la marge des marchands fortement diminuée. Bref, lorsque mère Nature fout la merde, tout le monde est perdant, consommateur, agriculteur, commerçant. Dans tout cela, il y a quand même un gagnant : les producteurs de Kagoshima (deuxième région productrice après Shizuoka), ceux-ci, épargné par les dégâts du froid, ont pu s'en mettre plein les poches avec des produits de qualité équivalente aux années précédentes, qu'ils ont donc pu vendre très cher devant le retard, puis le manque quantitatif et qualitatif de Shizuoka. 
Je le répète, il reste quand même cette année encore des thés fabuleux. Après il reste un gros satisfaisant à condition de ne pas trop comparer avec l'an dernier. Et puis, si l'histoire ne se répète pas, l'an prochain sera un feux d'artifice ! Cette année 2010 noire pour le thé japonais nous appelle avec douleur que la Nature est plus forte que nous (oh, avec quelle horrible tarte à la crème je termine cette article !).