Je ne suis pas attiré par les couleurs mais par leurs usages. Pourtant, ou à cause de cela, j’ai été voir «Enter the Void» de Gaspar Noé.
Des longueurs (beaucoup). Des faiblesses (beaucoup). Des facilités (beaucoup). Mais indubitablement une écriture de peintre narratif.
Ici le flou devient un élément constitutif de la narration. (Quel beau plan que celui où Linda apprend la mort de son frère). Un flou, mais pas seulement celui de la profondeur de champs, un flou total, maîtrisé, qui donne à voir.
Et la couleur, manège des regards, chemin de sensations. Pourquoi n'accepterions pas cette vision, cette déclinaison du Fauvisme dans le Cinéma ? Le réel devrait il être la réalité ?
Dans cet univers pictural, étonnement, la bande son m’a semblé toujours être présente, accompagnant le regard, sans l'interrompre, se faufilant entre les couleurs, le son coulant de séquence en séquence.
Film peinture, la post production représente les 2/3 des effectifs, d’une manière identique à «Avatar», les images captées ne sont que de la matière, le support pour peindre l’image. Dans «Enter the Void», la veille écriture cinématographique de la sémantique des valeurs des plans, du triptyque champs / contre champs / plan de coupe est brutalement effacée, mortellement blessée par la couleur et le flou.
Certainement, même à l’heure du numérique, cette écriture désuète aura une longue agonie, mais, on le voit, son renouvellement est déjà annoncé. Et sa fin est inéluctable. Elle périra.