Dans cette première partie, on pense aux premiers films de David Gordon Green, lui-même héritier direct des films de Terrence Malick dans les années 70, Badlands et Les moissons du ciel. Les plans sont étirés, les dialogues quasi absents, la nature omniprésente. On sent le souffle du vent et les rayons du soleil traverser l’écran. La contemplation est pure, mais ces personnages sont si insaisissables qu’ils fascinent, et le film accroche.
Lorsque survient le décès de la mère, Two gates of sleep change de cap. Un changement léger mais qui bouleverse le film. On quitte les alentours du cabanon. Les deux frères refusent de laisser une ambulance venir chercher le corps de leur mère et préfèrent aller l’enterrer là où elle le souhaitait. Commence alors une odyssée le long d’un cours d’eau, et à travers les bois, le cercueil à bout de bras. Une traversée tout aussi silencieuse à laquelle va bientôt s’adjoindre des éclairs mystiques. Les frères sont à bout de nerf sans l’exprimer, des apparitions furtives surgissent entre les arbres. Que voit-on ? Où se dirigent les frères ? Y a-t-il une rancœur entre les deux ?
Je retiens le nom d’Alistair Banks Griffin, en espérant qu’il refasse surface dans les années à venir avec un film plus fort, tout en étant persuadé que malgré l’envie de dormir qu’a pu m’inspirer Two gates of sleep, c’est un film que je ne suis pas près d’oublier, d’ignorer ou de mépriser. Il a de quoi rester en moi quelque temps.