L'africain

Publié le 06 juin 2010 par Lorraine De Chezlo
de J.M.G. Le Clézio
Roman autobiographique - 125 pages
Editions Mercure de France - 2004
Editions Poche Folio - octobre 2008
J.M.G. Le Clézio est pétri d'Afrique depuis le jour où, après la guerre, il a suivi sa mère et son frère pour ejoindre le père, médecin au Nigeria. Ses souvenirs d'enfance, c'est la liberté des corps, l'environnement sauvage tropical totalement nouveau, les noms des lieux, des rivières, des gens, et son père qu'il découvrait enfin. Un père sévère, mélancolique et rigoureux. C'est lui, l'Africain auquel il rend hommage par ce court roman.
L'enfance de J.M.G. Le Clézio est mystérieuse, envoûtante, amère. Cet homme est issu d'une famille aux multiples origines et il a vécu, par les déplacements de son père médecin humanitaire, dans différents pays.De cette enfance il lui reste quelques photos sepia dont certaines figurent dans le livre, mais surtout ces souvenirs, ces détails d'une époque charnière de sa vie, quand, à l'âge de huit ans il découvrit à la fois l'Afrique tropicale intérieure, la dureté de la vie, et son père l'Africain. Un passage précoce à l'âge adulte qu'il nous conte avec beaucoup de pudeur, de poésie, de simplicité. Parce que cette Afrique fait partie de lui, parce que le parcours de ses parents l'a façonné.
Extrait :"En Afrique, l'impudeur des corps était magnifique. Elle donnait du champ, de la profondeur, elle multipliait les sensations, elle tendait un réseau humain autour de moi. Elle s'harmonisait avec le pays ibo, avec le tracé de la rivière Aiya, avec les cases du village, leurs toits fauve, leurs murs couleur de terre. Elle brillait dans ces noms qui entraient en moi et qui signifiaient beaucoup plus que des noms de lieux : Ogoja, Abakaliki, Enugu, Obudu, Baterik, Ogrude, Obubra. Elle imprégnait la muraille de la forêt pluvieuse qui nous enserrait de toutes parts."
Un livre qui se savoure, que l'on lit comme on écouterait parler un homme digne, humble, qui sait mettre les mots justes sur ses réminiscences, ses sensations perdues, ses perceptions d'alors, sur ce qu'il a compris du caractère d'un père confronté à la souffrance. Un très bon moment privilégié avec le délicieux Jean-Marie Gustave Le Clézio.Le commentaire délicat de Gangoueus - Chez GangoueusL'avis d'Argoul - Fugues & fougues