S’il est un thriller qui n’a pas vieilli en 15 ans, c’est bien le film qui a rendu David Fincher culte : Seven.
Après le semi-échec d’Alien 3, David Fincher a revu ses ambitions et surtout son approche d’Hollywood. Il faut dire que voir son premier film cinéma se faire remonter par les producteurs n’est jamais plaisant. Du coup, l’ancien réalisateur de pubs se tourne vers un budget plus restreint mais avec un scénario béton qui lui offre toute la liberté qu’il désirait : Seven.
Des meurtres faisant chacun penser au 7 péché capitaux sont commis dans une ville noyée sous la pluie dont on ne connaitra pas vraiment le nom. Un policier à deux doigts de la retraite (le toujours parfait Morgan Freeman) enquête sur l’affaire, flanqué d’un jeune loup. Au fur et à mesure qu’ils avancent ils se retrouveront devant des scènes de plus en plus atroces alors que le tueur va se rapprocher de leur intimité.
Le script a le don de foutre la chair de poule, d’autant que le générique d’ouverture à l’image clipesque sur musique de NIN plonge tout de suite dans l’ambiance poisseuse du film. Du coup, à la découverte de chaque corps est une épreuve à chaque fois plus intense pour le spectateur (mention spéciale à la paresse), jusqu’à un final aussi insupportable que la révélation de John Doe (le serial-killer sans nom, sans identité, parfait Kevin Spacey) à David Mills.
David Fincher frappe un grand coup avec Seven. Il poursuit l’ambiance sombre qu’il avait adopté dans son Alien et plante d’emblée les graines de son cinéma ses préoccupations pour les maux de notre société. En deux films, le réalisateur montre déjà une certaine maturité et surtout une sacrée efficacité pour faire monter la tension alors qu’il n’y a pour ainsi dire presque aucune scène d’action dans le film. Tout est basé sur l’ambiance et la montée en puissance des révélations.
Il poursuivra dans la même veine avec ses 2 films suivants (The Game et Fight Club), formant une « trilogie » cohérente sur la nature sombre de la société de consommation et cette perte d’identité de l’individu dans un monde se la jouant collectif.
C’est aussi avec Seven que débute une fructueuse collaboration entre Fincher et Pitt. Les deux s’entendent tellement bien qu’ils renouvelleront leur travail sur Fight Club et plus récemment dans le romantique Benjamin Button, toujours à la recherche d’une histoire originale à raconter et à l’origine de prestations hallucinantes de Pitt.
Résultat, bien lui en a pris à Fincher de retrouver les petits studios. Il nous offre un thriller aussi marquant qu’un Silence des Agneaux, le plus intéressant des années 90. Aujourd’hui, l’ambiance est toujours aussi saisissante grâce au savoir faire du réalisateur et à des acteurs impeccables.
Un autre film culte de David Fincher : Fight Club, à découvrir ici.