“Les légions romaines, lors de leur conquête de la Gaule tentent par deux fois de soumettre ces peuples belliqueux désignés sous le nom générique d’Aquitains. Par deux fois les armées de Rome échouent. C’est un jeune lieutenant de César, Crassus, qui y parvient enfin au cours d’une troisième tentative. Quelques peuplades montagneuses échappent d’abord à la conquête romaine, mais elles finissent cinq ans après par se soumettre au grand César lui-même venu dans la région y faire le tour du propriétaire et y inspecter les travaux finis.”
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On apprécie, ou pas, les exercices de contorsionniste, de François Bayrou. L’homme se désire (d’avenir) au centre en ne cessant de revendiquer le titre de meilleur opposant à Nicolas Sarkozy et en faisant les yeux doux à la gauche traditionnelle. Il perçoit certainement que les choses semblent plus délicates avec Lille qu’avec Poitou-Charente.
Les régionales ont été catastrophiques pour le Modem et François Bayrou est de plus en plus seul : un parti avec très peu d’élus, lui et … un gréviste de la faim … Les velléités du « Nouveau Centre » de présenter un candidat en 2012 réduise encore un peu plus sa superficie exploitable. Enfin, l’hypothèse crédible d’une candidature Dominique de Villepin n’arrange pas non plus ses affaires; ce dernier mobilisera au premier tour nombre d’électeurs de droite non Sarkozystes qu’il aurait pu espérer.
Si l’électeur ne conteste pas la validité des candidatures de premier tour (la diversité n’est pas pour déplaire), en revanche les alliances de second tour à géométrie variable le déroutent. Au moment décisif, il a horreur du flou, même artistique.
L’Elysée semble vouloir réanimer le Béarnais à deux ans des prochaines présidentielles : une entrevue privée et bientôt un voyage, sous les caméras, du Président de la République dans la circonscription de l’éleveur de chevaux, en Béarn.
On appréciera le calcul Élyséen, préférant une vieille rosse ayant déjà couru deux fois sans succès à un nouveau canasson issu du « Nouveau Centre » … On ne sait jamais ! Les plus anciens auront certainement encore en mémoire la percée inattendue d’un Lecanuet (dents blanches …) au premier tour des présidentielles de 1965, contre le Général de Gaulle …
Ce qui est terrible avec Bayrou, c’est son empressement à contredire immédiatement par le verbe haut, presque accusateur, tout essai d’apaisement, toute entreprise constructive même intéressée : il est preneur du “buz” pour immédiatement l’amplifier en le dénonçant. Déjà en 2007, avec Ségolène Royal, après avoir longtemps courtisé croyant devancer, il refuse d’ouvrir sa porte au moment décisif, ayant été finalement laminé.
A deux ans des prochaines présidentielles, le président lui explique qu’il est prêt à travailler avec lui s’il change de stratégie … s’il abandonne le négativisme systématique, s’il clarifie ses alliances d’avenir. Ce n’est pas de l’altruisme de sa part, certes non, c’est de la « real politik ».
Il y a quelques mois encore Bayrou n’avait pas de mots assez durs contre Nicolas Sarkozy -”un enfant barbare” -, il affirme aujourd’hui qu’il répondra présent “chaque fois que le président de la République demandera à le voir” : le changement de ton est notable. Mais immédiatement, quelques heures, le temps de lire une ou deux coupures de presse, il s’élève contre les commentaires prévisibles. Maryelle de Sarnez a du le fouetter !
Ceux qui “prétendent que nous préparons un changement de ligne , un infléchissement de notre action en direction de l’actuelle majorité, en forme de retour ” se fourrent le doigt dans l’œil assène-t-il en substance !
Il essaye au passage de préciser sa position sur les dossiers en cours : burqa (il votera une interdiction dans l’espace public), retraites (il votera une réforme si elle est “raisonnable”), et collectivités territoriales (réforme “définitivement inopportune”) etc. C’est à dire pas grand chose !
Il ajoute, la “mission” du centre est de “préparer” et d’”offrir une alternative réaliste, crédible, à la politique qui a été suivie depuis trois ans”…. Entre nous, pas un scoop énorme non plus … On peut toujours rêver.
Tout Bayrou : deux pas en avant, un pas en arrière, la porte entrouverte mais avec la chaîne …