Le mauvais chien
Je veux rester dans ma niche et ne voir personne.
Je veux garder mon os et le ronger seul,
à petits coups, jusqu’à en faire un chef-d’œuvre.
Chaque nuit, j’y travaillerai.
Je n’ai nul besoin de lumière,
mes dents sont des outils complets.
Si j’ai froid, je hurlerai peut-être
et me lamenterai d’être délaissé.
Au moindre bruit de pas,
pour ne pas subir l’humiliation d’une main compatissante
sur mon poil sensible,
je ferai le mort, respirant à peine,
à l’écoute du seul secours que j’attends.
(Gisèle Prassinos)