Un ami qui vous trahit, une maitresse qui vous dénie, et le vide qui s'installe, brutalement. C'est un peu ça la fin des séries. Les conclusions sont plus ou moins heureuses, mais le manque, lui, persiste à faire saigner notre dépendance sans limite : bouffer chaque semaine des heures de bandes pour un plaisir si vite oublié qu'il doit, dès la semaine suivante, être assouvi. Mais aujourd'hui, c'est fini. Entre conclusions majestueuses et « plantades » de débutants, voici un aperçu de ce que vous deviez - ou non - rater cette année, bulletins de notes à la clé.
Le fiasco des nouveaux entrants
L'après Band of Brothers bien mal assuré, Pacific s'avère anecdotique malgré sa sur-production Hanks-Spielberg. Dès le deuxième épisode, on décroche. Aucune originalité, les vieux clichés américains du «ce n'était pas notre guerre» ressurgissent. Dégoûtant.
Blockbuster annoncé, Flashforward sévit d'entrée par un pitch du feu de dieu. Le monde entier s'effondre un 6 octobre, voyant ainsi défiler sous ses yeux son propre futur. Ou pas, car certains n'ont pas eu de flash et s'attendent donc à une mort future. Mais rapidement, l'idée lumineuse s'essouffle, les pseudos-révélations («Oh l'agent double !») et autres histoires de coucheries font bien maigres face au projet initial. L'intrigue s'effondre rapidement. Les épisodes bâclés du milieu de saison mettent en exergue l'impasse des scénaristes et le célèbre phénomène des 22 épisodes à combler. Dommage, on ne retiendra qu'un pilote d'envergure cinématographique et quelques scènes de tensions très puissantes. La série n'est pas reconduite, comme une évidence.
La confirmation du premier rang
Ce n'est que sa deuxième saison mais True Blood a déjà créé un univers singulier et propre à sa vision vampirique de l'Amérique profonde. Le jeune Jason est grand, d'un humour «dumbesque» idéal, Sookie s'est raffermie et les scénaristes eux, se sont enfin lâchés : ce dixième épisode déjà culte où Jason part en croisade contre des zombies forniqueurs, pistolet à clou vissé à la ceinture. Une parodie plagiaire des plus grandes références de l'horror-survivor.
The Big Bang Theory continue son chemin, Sheldon monte en puissance et porte à bras le corps la série qui, il est vrai, délaisse volontiers les autres protagonistes pour ce très grand monsieur, geek refroidi, insensible asocial et totalement délirant. Des fous rires inaltérables (Sheldon en costume, Sheldon dans la piscine à boules, Sheldon et son chant diphonique) et un final qui annonce une prochaine saison dantesque. Car oui, il y aura bien une «Sheldonette» (la même, mais avec des seins). Hâte de découvrir ce futur duo.
A quoi bon les triplants ?
Desperate Housewives, tentant en vain de relancer l'attention de ses téléspectateurs à coup de décès, crash d'avion ou meurtres de gamines, n'aura pas séduit cette année. Rien n'y fait, on ne regarde que d'un oeil, les nouveaux habitants de Wisteria Lane (la famille Bolen) n'apporte rien à la mayonnaise périmée à part une intrigue bidon dont le sort s'avère un foireux happy end. L'autre grande déception cette année, c'est Entourage qui vient de gâcher une saison entière à satisfaire sa prétention mondaine et oublier l'essentiel, nous faire marrer.
Il est vrai, qu'à part deux ou trois épisodes exceptionnels (notamment le Playbook de Barney), How I met your mother pâtit d'un manque flagrant de régularité et d'imagination. Là où Sheldon a grandi, Barney lui s'épuise dans des vannes calculées et déjà entendues. Et comment les scénaristes ont pu le faire tomber amoureux ? Erreur fatale, ça nous coûte une bonne dizaines d'épisodes : fatigants et bien nian-nian, visualisés en accéléré.
Les génies en herbe
On le sent clairement, Bored to death est encore au stade foetal, test grandeur nature et mise en place des protagonistes. Et pourtant, d'entrée l'alchimie est divine entre Jonathan écrivain perdu et bobo de Brooklyn, et Ray, loseur éternel, donneur de sperme raté et dessinateur en berne. À déguster comme un Rushmore télévisé, un brin plus sucré, un zeste acidifié. Une première synonyme de réussite et un univers très ouvert aux infinies possibilités. Que dire de Kenny Powers, le baseballeur raté, macho, raciste, xénophobe, inculte et bôf de Eastbound & down? Rarement un con délabré ne m'avait fait autant marrer. Une merveille d'auto-dérision et de provocation avec en bonus, la blonditude d'un Will Ferrel en promoteur automobile. Tout est bon, à bouffer sans modération.
Le bonnet d'âne
Après une septième saison remuante mais marquant clairement la fin d'un cycle, Jack Bauer et 24 reviennent à moitié endormis dans une première intrigue bateau et quelque peu épuisante. Mais dès que l'ex-président Charles Logan débarque dans la série, c'est une tout autre affaire. On découvre un Jack Bauer prétentieux, suicidaire, fou, perdant toute lucidité et dirigé par la vengeance qu'il veut sanglante. Un bonheur un peu honteux de voir Jack éviscérer, tuer et torturer comme jamais. Mais le final est une terrible déception. On aurait aimé une mort pleine de dignité, conclusion idéale d'une vie plus que chargée. Et non, c'est un simple adieu foiré, sans l'ombre d'une émotion alors que notre héros - qu'on suit depuis tout de même 8 ans - disparait de nos écrans. Une conclusion ratée qui laisse un goût amer à cette dernière saison, sans même un pincement au coeur.
Le major, à jamais gravé, quasi canonisé