Nous sommes en 2010. Imaginez un cortège de deux millions de Français accompagnant le cercueil d'un poète jusqu'à son ultime lieu de repos. Imaginez la France d'aujourd'hui décréter des funérailles nationales au même poète. Deux millions d'individus convergeant dans Paris vers le lieu des obsèques, c'est comme si la totalité des Parisiens se donnaient rendez-vous au Panthéon. Quelque chose de grandiose, de pas imaginable. Pour la victoire des Bleus en 1998, il n'y avait «que» 500 000 personnes sur les Champs-Élysées. Quatre fois plus pour Victor Hugo à sa mort, l'honneur est sauf, d'autant qu'il s'agit de deux millions sur une population totale d'un peu plus de 40 millions, et à une époque où les moyens de transport et les infrastructures sont bien moins développés qu'aujourd'hui.
La société du spectacle, le consumérisme effréné ont beau faire, ils ne sont pas parvenus, jusqu'à aujourd'hui, à effacer cette page magnifique de notre histoire. Nous pouvions alors vibrer pour autre chose que pour des stars repues, trop payées et trop choyées.
Pauvre Victor, lui qui rêvait d'ouvrir des écoles, s'il savait à quoi ressemble la salle de classe du futur (scoop dont je recommande la lecture...).
Il y a des jours comme ça, on se promène le coeur léger ou presque, on lit une plaque commémorative, et puis on continue sa promenade, mais on a le coeur lourd...