C’est peut-être un peu tard, mais je ne peux résister à l’envie de blogguer sur Gad Elmaleh, un humoriste français d’origine marocaine qui a étudié pendant 5 ans au Canada. Les 27 et 28 mai derniers, les 12 000 montréalais venus le rencontrer ont fait bien plus que pouffer de rire. Tout ce petit monde s’est déplacé pour la représentation de Papa est en haut un spectacle de 3 ans qui tire à sa fin.
Dès le mois de janvier, le Centre Bell affichait complet pour le spectacle d’Elmaleh. Le Centre Bell serait l’aréna le plus fréquenté en Amérique du Nord mais aussi le 5e plus occupé au monde. Le jourmal Métro de Montréal pense que c’est un exploit pour un humoriste français que d’avoir rempli le Centre Bell. Pour moi c’est un miracle – et non un accomplissement – de voir un artiste africain réunir autant de gens de milieux différents. La plupart des gens oublient souvent que Gad est né et a été élevé au Maroc. Ses études au Québec et sa vie en France ont certes définit son art, mais ses petites observations de la vie courante trahissent une essence africaine – surtout lorsqu’il décrit son sentiment d’infériotité face au blond.
Le blond aux yeux bleus du Rêve Américain
Gad se sentant out peit face au "Blond"
Un de ses personnages les plus réputés est le blond. Le blond c’est ce mec parfait, idéal dont toutes les femmes rêvent. C’est le genre qui vous fait sentir tout petit tellement il est parfait. Dois-je préciser qu’il est blond?
Le blond ne se salit jamais en mangeant parce que ses tomates n’ont jamais l’idée de sortir la tête du sandwich pour vous faire coucou. Le blond est séduisant même dans les habits les plus moches, et le genre de lunettes de soleil qui vous font ressembler à une mouche lui vont super bien. Le blond n’a pas peur de mourir dans un crash quand il est dans l’avion et il sait skier avec grâce. Ses enfants sont disciplinés. Quand ils font des coloriages, ils s’assurent de ne pas dépasser les bords alors que tes enfants à toi sont fiers de te montrer comment ils ont colorié de travers.
Cette fascination pour ce Brad Pitt au tempérament d’Arnold Schwarzy me fait un peu penser à certains africains (et même à certains françcais) qui restent baba devant le Rêve Américain.
Après des années de travail sans relâche, Gad a finit par aller aux États-Unis (qu’il prononce les Staïates) pour donner une spectacle à L.A.
Mais comment un originaire de Casablanca a t-il réussir a faire rire toute la francophonie et se faire surnommer le Jerry Seinfield français parce qu’il est devenu l’humoriste favori des français?
Métis
Gad Elmaleh singeant les francais
Non il n’est pas café au lait à la Obama mais il est le pure produit du métissage culturel. Ce qui arrive quand on a fait un peu le tour c’est qu’il n’y a rien dont on ne peut pas se moquer.
J’ai toujours trouvé les blagues de Gad très culturelles. J’ai souvent pensé qu’il faut avoir une bonne idée de ce qui se passe en Afrique, en France et au Québec pour le comprendre. Hors, ma théorie a trouvé une opposition chez un Louisianais qui bredouille péniblement le français. Il m’a expliqué que même s’il ne comprend que 50% des blagues de Gad, il s’éclate toujours à fond grace au faciès et au language corporel de l’humoriste.
Pour chaque nationalité imitée, Gad modifie sa physionomie et le ton de sa voix.
Quand il imite un québécois, il se crée un double-menton et ouvre grand les yeux comme s’il était toujours étonné.
Lorsqu’il imite les américains, il se tient droit et prend un air à la fois désinvolte et snob.
Dans son spectacle précédent, il se moquae des français qui prennent des cours d’anglais et se retrouvent à répéter des phrases génériques des livres dans le genre « it’s raining » ou « Where is Brian? Brian is in the kitchen ».
Le sketch est maintenant connu sous le nom de Brian is in the kitchen et il est tellement populaire qu’une page Facebook lui a été dédié. Malheureusement pour Gad, il ne peut plus surprendre les gens avec cette farce. Son DVD s’est tellement bien arraché que peu importe où il joue sur cette planète, il ne peut plus finir la phrase « where is Brian? » que le public lui aura déjà répondu « Brian is in the kitchen! » Pour se faire une bonne idée de comment il pleure en anglais, je vous suggère de regarder Brian is in the kitchen via Youtube.
Lorsqu’il imite un marocain ou les Arabes en général, il remue vigoureusemet sa langue ou ses bras tout en parlant dans un mauvais français avec un mauvais accent. Mais il ne s’en prend pas qu’à l’accent; il va jusqu’à ridiculiser leur français. Il raconte par exemple comment à la fin d’un spectacle au Maroc, une femme lui a dit à quel point il les a fait pisser de rire, elle et sa famille:
Elle m’a dit: Vous nous avez pissé de rire. Vous avez pissé mon mari, vous avez pissé mes enfants, vous m’avez pissé moi-même, vous avez pissé les voisins, vous pissez tout le monde. C’est bien simple, je vous vois, je pisse, je pisse, je pisse.
Il faut visiblement une dose raisonnable d’auto-dérision pour accepter son humour.
Lancer des fleurs ou des tomates?
L’un des moments les plus désopilants et les plus émouvants est quand il laisse place à la musique. Je savais déjà que Gad était bon chanteur et qu’il maniait bien la guitare mais le voir nous servir quelques notes de piano en vrai a été phénoménal. Mais ne vous y trompez pas, Gad est un humoriste et pas un chanteur. Ces quelques moments attendrissants n’avaient pour but ultime que de parodier les musiciens et chanteurs lorsqu’ils affichent des mines trop affectées ou qu’ils nous servent des rimes à la noix.
Au lieu de nous extasier sur sa voix (claire et mélodieuse), on était pliés de rire parce que ses paroles étaient inaudibles et sa physionomie ridicule.
D’ailleurs à ses débuts, il chantait toujours Petit oiseau, une chanson écrite il y a plusieurs années. Bien qu’il ait écrit d’autres chansons pour des spectacles plus récents, le public est toujours accro à Petit oiseau. Il s’est même plaint du fait qu’il se fait huer s’il ne chante pas cette chanson. Je faisais d’ailleurs partie des spectacteurs montréalais qui n’arrêtaient pas de crier Petit oiseau et qui ont commencé à le huer quand il ignorait notre demande spéciale. Quand il s’est décidé à interpréter la chanson, nous l’avons fredonnée par coeur pendant une minute à peu près. La chanson est aussi courte que ça!
En plus de le voir chanter, nous avons aimé le dehors le voir bouger au rythme de la musique. Il danse très mal mais sans complexe, ce qui rend la chose drôle justement.
Il a fermé le spectacle comme il l’a ouvert, soit en gesticulant sur la chanson Don’t Stop Till You Get Enough de Michael Jackson… Oh et il est revenu sur scène une dernière fois, arborant le maillot de l’équipe canadienne de hockey. À l’endos du maillot on pouvait lire, « Gad # 1. »