Alain Finkielkraut est un intellectuel émotif traversé par tant de chemins philosophiques et littéraires que sa langue hésite. Tantôt elle claironne, tantôt elle murmure. Elle n'est jamais quiète y compris dans le silence. J'ai déjà évoqué le très beau portrait que lui a consacré la série Empreintes. Cette émotion quand il téléphone à sa mère alors qu'il cherche dans une ville ukrainienne l'appartement où vivaient ses parents. Cette indignation d'égaré quand un individu mal embouché lui conseille de se jeter dans le canal Saint-Martin.
Voilà. Je crois qu'Alain Finkielkraut est un égaré. Egaré dans le monde, dans son histoire, dans la langue. Sans doute est-il plus poète que philosophe ! Et comme tous les poètes, il dit aussi des bêtises quand il réagit trop à chaud aux absurdités de l'actualité. Evidemment il prend des coups et le supporte mal. Il pleure. C'est qu'avant tout Alain Finkielkraut est un homme parmi les hommes. Forcément fragile. Forcément inachevé.
L'hebdomadaire Marianne lui consacre aussi un portrait, donne la parole à ses amis. C'est touchant. Sincère. Avec juste ce qu'il faut de désespoir pour que la pensée accepte de se tromper.
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