La volte-face au Sénat est pitoyable: examinant le projet de loi portant création du Défenseur des droits qui regrouperait quatre institutions indépendantes, le défenseur des enfants, le
médiateur de la République, la Halde, et la commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), les sénateurs avaient pourtant bien commencé en votant mercredi des amendements excluant le
Défenseur des enfants de cette nouvelle création présidentielle omnipotente.
Malheureusement, triste spectacle, les sénateurs de la majorité se sont reniés jeudi (pressions du pouvoir?) en réintroduisant le Défenseur des enfants dans le périmètre du futur Défenseur des
droits.
Un Défenseur qui, étant nommé par le Roi Sarkozy comme le prévoit le texte, perd toute indépendance, ce qui était pourtant la raison d'être de ces institutions. Un non sens.
Pourquoi fallait-il à tout prix faire disparaître le Défenseur des enfants? Son activité gênait semble-t-il...Défendre les droits des enfants en prison, les droits des enfants étrangers enfermés
en centre de rétention ou encore victimes de violences, n'a pas plu au Gouvernement.
C'est ce qu'avoue, amère, Dominique Versini, ex -ministre de Raffarin, pourtant pas suspecte d'opposition frontale, et que j'avais déjà soutenu lorsqu'il était question de supprimer son
poste il y a près d'un an.
Avec l'enterrement d'une telle institution indépendante, la démocratie est à n'en pas douter menacée. L'avenir des enfants victimes s'assombrit.
Aussi, des questions se posent sur le rôle du futur Défenseur des droits. Quelle sera sa marge d'action, de liberté, d'impartialité ? De quels moyens disposera t-il? Devant la tournure que
prend l'affaire, on ne peut-être qu'inquiet.
Tout comme l'est, l'ancien premier ministre Lionel Jospin, à la tête du gouvernement lors de la création de la CNDS, qui a dénoncé, dans une tribune publiée dans Le Monde
"l'inacceptable régression" des libertés.