36.
(Le disciple) objecte : "Mais alors, quel est le substrat des impressions (causées) par les formes matérielles et autres (sensations) ?
(Le maître) : "(Ces impressions et sensations) ont le même substrat que le désir et autres (émotions)".
(Le disciple) : "Mais alors, d'où viennent ces (émotions) tels que le désir ?
(Le maître) : "Nulle part ailleurs que dans l'intellect, car il y a des passages de la révélation qui déclarent :
Le désir, la résolution et l'hésitation (sont dans l'intellect)
Les impressions suscitées par les formes matérielles sont aussi dans l'intellect, car il y a des passages qui le disent :
Où donc les formes ont-elles leur fondement ? Dans le cœur[1]
Ces passages de la Révélation affirment que le désir, l'aversion, etc. sont des attributs des objets qui forment le champs (du sujet connaissant), et non pas pas des attributs du Soi :
Ses désirs ont leur fondement dans le cœur
En effet, (quant ilest dans l'au-delà), il a dépassé toutes les peines du cœur
En effet, il est sans attaches
Autrement dit, il est au-delà des désirs
De même, la Tradition dit :
Je déclare que ce (Soi) est immuable
Car il est sans origine ni qualités'
etc. Par conséquent, l'impureté réside seulement dans les objets[2] et non en soi-même/ dans le Soi."
37-38.
Donc tu n'es pas différent du Soi suprême tu n'a rien à voir avec l'impureté liée aux impressions (affectives) suscitées par les formes etc. Ainsi, parce qu'il n'y a nulle contradiction avec (ce que nous enseigne) la perception sensorielle, on doit admettre que l'affirmation 'Je suis le Soi suprême' est raisonnable, comme l'affirment les passages suivants de la Révélation :
Il connaissait ce Soi
Je suis l'absolu
On doit percevoir sans interruption (ce Soi) homogène
Je suis le substrat[3]
Le Soi est le substrat
Il voit que tout est soi-même/ le Soi
Quant pour lui, tout est soi-même/ le Soi
Tout cela est ce Soi
Voici l'indivis[4]
Sans interstice, rien n'est à l'extérieur (de lui)
Car le non né comprend l'intérieur et l'extérieur
C'est l'absolu purement et simplement
Il est entré par cette porte
Les noms de la conscience : le Vrai, la Perception, l'Infini, l'Absolu
Autrement dit, de lui
Il l'émis et le pénétra
Le dieu un qui imbibe tous les êtres, caché en eux
Sans corps dans les corps
Il ne nait pas, il ne meurt pas
A la fin du rêve, à la fin de la veille
Il doit savoir ainsi : il est moi-même/ mon Soi
Celui qui (perçoit) tous les êtres
Il bouge. Il ne bouge pas
Qui le voit, l'aime
Il est le feu
Je suis devenu le premier homme, et le soleil
Entré à l'intérieur, je suis le maître des créatures
Ô fortuné, l'être !
C'est la vérité, c'est le Soi, tu es cela
Et la Tradition établi que tu est l'absolu suprême, le Soi un, délivré de tous les attributs du cycle des naissances et des morts :
Toutes les créatures pures sont l'organe de celui qui est caché en elles
La divinité, c'est le Soi
Dans la cité aux neuf portes
Egal en tous les êtres
Dans celui qui est éduqué et savant
Sans partie dans les parties
Tout est Kṛṣṇa/ Tout est enfanté par le bon dieu[5]
Shamkara (c. 800), Méthode pour éveiller un disciple
[1] Ici comme souvent dans les textes védântiques, le cœur (hṛdaya) désigne l'intellect (buddhi).
[2] Dans les objets au sens grammatical (karma).
[3] Litt. : "Je suis à partir d'en bas (adhastāt)", comme dans l'étymologie de sujet : sub-jectum, ce qui est 'jeté en-dessous', comme la dalle de fondation d'une bâtisse.
[4] Ou : "celui qui est sans facultés (sensorielles ou mentales)".
[5] sarvaṃ vāsudevaḥ. Litt. : "Tout est le fils du dieu bon", tout est Kṛṣṇa.