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L’Île (Carlos Drummond de Andrade)

Par Arbrealettres
L’Île (Carlos Drummond de Andrade)


L’Île

Dessus les quatre bancs de ciment
de l’île du Parc sont installés
avec tenue des plus réservées
pudiques quatre couples d’amants.

Les îles toujours sont une invite
à des idylles sans simagrées
mais ici l’on trace la limite
des actes et de la volonté.

Les couples se regardent, discrets,
en espérant que l’un d’entre eux ose
délivrer les instincts aux aguets
et mettre un terme à ces fausses poses.

Nul ne s’enhardit à délivrer
tant de caresses qui rêvent d’être.
Un lourd rideau de bure est tiré
voilant le frémissement de vivre.

Jour si léger! L’écureuil, le vert,
ciel favorable, en complicité…
Mais on voit bien que tout cela sert
de décor à la duplicité.

L’amour y perd encore un pari
dans cette Cythère provinciale.
Il est tard. On ferme le Parc. Rien
ne se produit en bien ni en mal.

(Carlos Drummond de Andrade)



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