Dans son périple vers l’Afrique du Sud, la France arrive à pied par la Chine.
Après une entame énergique qui aura vu les français se créer quelques situations favorables dans le premier quart d’heure, les bleus sont retombés dans leur schéma habituel des derniers matchs c’est-à-dire une domination en terme de possession mais pas grand-chose de plus. En bon disciples de Mourinho/Rehagel, les chinois ont fait ce qu’ils savent le mieux faire : une muraille.
Souvent à huit dans les trente derniers mètres, ils ont essayé de mettre de la densité dans la zone du ballon pour empêcher une construction efficace dans la surface de vérité, avec succès.
Les joueurs français ont buté sur cette structure tout le match sans parvenir à trouver de véritable brèche. Une sensation de déjà-vu s’installe et se conclue comme souvent dans ces cas là par un but encaissé sur une des rares incursions chinoises, un coup franc avec une trajectoire étrange qui finit au fond.
Les efforts brouillons qui suivent pour éviter le déshonneur ne donnent rien tant il y avait toujours une jambe, un talon, un dos, un bras ou un gardien de hockey pour dévier les quelques tentatives françaises. Le résultat final est déprimant mais finalement tellement prévisible que le drame n’est que partiel.
Le fait du match :
Zhuoxiang est appelé par son coach pour sortir. Problème, c’est le tireur de coup-franc et justement il y en a un à tirer, il fait signe à son banc d’attendre pour le sortir, s’élance, frappe de l’intérieur du gauche. Au lieu d’avoir un effet brossé l’entraînant vers la droite, la balle part mystérieusement vers la gauche en passant le mur et prend Lloris, qui avait anticipé, à contre-pied.
Les joueurs :
France :
Lloris : à part le but encaissé, rien à faire, sinon le pompier sur coup de pieds arrêtés. Timide dans ses interventions aériennes, il fut sauvé du comble d’un deuxième but pratiquement par miracle en fin de match.
Sagna : une mi-temps anecdotique. Remplacé à la pause par Reveillère, dont c’était la première apparition de la campagne, qui s’est montré dans la partie adverse sans rien apporter de tranchant mais en prouvant qu’on pouvait compter sur lui.
Evra : très peu de montées du fait de l’embouteillage dans son couloir provoqué par ses compères de l’attaque. Moyen.
Abidal : aucune difficulté pour gérer les attaquants chinois dans le jeu, avait des fourmis dans les jambes mais n’a rien eu à faire ni offensivement, ni défensivement.
Gallas : devait prouver qu’il pouvait jouer quatre-vingt-dix minutes, c’est chose faite dans la mesure où il n’a eu comme Abidal rien à faire. Une tête défensive manquée en fin de match qui a provoqué la panique. Très présent sur les phases arrêtées offensives, joueur le plus dangereux des bleus, des deux côtés du terrain malheureusement. Match satisfaisant dans l’ensemble à défaut d’être rassurant.
Toulalan : a su faire jouer son anticipation et son placement pour éradiquer les rares velléités des rouges. Fébrile techniquement dans ses transmissions, il a perdu plusieurs ballons sans pression chose rare chez lui. A écopé d’un carton jaune qui aurait pu être rouge tant il était loin du ballon et visait ostensiblement l’homme, même s’il n’y avait pas d’agression.
Gourcuff : moins en vue que face à la Tunisie, il a essayé de jouer simple sans vraiment parvenir à fluidifier le jeu de son équipe. Quelques frappes dans les nuages. Brouillon.
Malouda : actif à gauche, sérieux en défense, il a tenté mais approximativement. Remplacé à l’heure de jeu par Diaby qui a une nouvelle fois montré sa puissance et la verticalité qu’il apporte. Auteur de raids pleins d’autorité et d’une belle passe vers Henry dans la surface.
Ribéry : tout fou tout flamme, il s’est empêtré dans des séries de dribbles face à trois adversaires, presque toujours mal finis. Cherche la solution individuelle en permanence au détriment du jeu de l’équipe. Remplacé par Gignac qui a tenté dans un couloir qu’il connaît mal sans changer grand-chose.
Govou : plus sollicité que d’habitude, il a combiné avec Gourcuff, Anelka et Sagna sans grand résultat. Une bonne frappe juste avant de sortir histoire d’essayer de convaincre qu’il est attaquant. Remplacé par Valbuena à la 72ème pour faire joli.
Anelka : rarement dans les bons coups, il aura essayé de se contenter de mouvements vers les côtés à la place de ses exaspérants retours vers l’arrière pour toucher la balle. C’est mieux pour l’équipe mais il fut tout de même inconsistant puisque jamais là où on l’a cherché. Une qualité de centre Bernard-Mendyesque. Remplacé par Henry qui a joué en pivot dans la forteresse. Plus proche de marquer en trente minutes qu’Anelka en trois matchs, il a manqué de peu trois situations, au moins il était au bon endroit. A joué globalement juste, dans cette équipe c’est déjà rare.
Chine : On s’en fout.
Que retenir pour la compétition ?
Le onze de départ semble être défini.
Diaby a gagné sa place de douzième homme mais peut raisonnablement espérer mieux.
Henry et Gignac (ou Valbuena) complèteront certainement les changements.
Anelka et Govou ne finiront pas un match, ils doivent déjà s’estimer heureux de les commencer.
Gallas semble être physiquement capable d’évoluer en compétition. Il ne serait pas étonnant qu’il fasse une bonne coupe du monde, tant il semble revanchard.
Les latéraux ont montré plus de discipline tactique qu’à l’accoutumée, tant mieux.
Nous sommes toujours aussi fébriles dès que le ballon s’approche de notre surface.
La Nalyse :
Calais peut battre Bordeaux, Carquefou peut battre l’OM, la Chine peut battre la France. C’est possible de contre performer mais ça n’arrive pas aux équipes sereines.
Après quatre matchs où on encaissait le premier but du match avant la 35ème minute, on a progressé puisqu’il a fallu attendre la 68ème pour qu’on arrive au même point. Ce n’est pas faute pour les chinois d’avoir essayé de ne rien faire mais arrive un moment où on manque la tribune par erreur et un but malencontreux est si vite arrivé…
L’impression de revivre France-Ecosse était flagrante, les efforts sur le terrain en plus mais est-ce rassurant ? Nous n’avons même pas l’excuse de manquer d’envie.
On peut raisonnablement penser qu’on a touché le fond, ce qui est le meilleur moyen de prendre appui pour remonter vers la surface. Comme le disait Michel Hidalgo après le match :
« On a fait un pas en avant face au Costa-Rica, un pas sur le côté en Tunisie et un pas en arrière contre la Chine. Résultat, on n’est pas plus avancé mais on s’est déplacé sur un côté. »
Nous avons une meilleure circulation de balle que lors des deux années passées mais aucune présence dans la surface. Le ballon est lent alors que les joueurs courent beaucoup. Deux touches de balle par joueur en trop de manière générale, cinq pour Ribéry. L’absence de tueur de surface se fait cruellement sentir, Henry paraît aujourd’hui le plus à même de jouer ce rôle tant Anelka est à côté du jeu de l’équipe, tant Gignac paraît en-dessous du niveau international, tant Cissé paraît … Cissé. Le jeu penche à gauche mais il n’est absolument pas sûr qu’on gagne plus facilement des matchs en étant équilibré. Ce n’est pas grave, l’équipe de 98 avait ce défaut aussi. Ce qui l’est en revanche c’est notre incapacité à surprendre.
On aurait aimé voir Diaby entrer pour Govou, repositionnant Malouda à gauche et Ribéry à droite, pour voir.
Aucune équipe de notre groupe de qualification ne devrait jouer aussi bas, parce qu’elles ont d’autres arguments, est-ce une bonne nouvelle ? Oui pour les espaces, non pour la fébrilité défensive que l’on traîne comme un copyrignt.
Les bleus arriveront sur le terrain dans une semaine pleins de doutes. Leurs supporters aussi.
Les Uruguayens flambent, les Mexicains assurent, les Sud-Africains joueront à domicile avec ferveur. Néanmoins, une qualification reste envisageable car le groupe est homogène et que l’équipe a des ressources à exploiter, je ne peux pas me résoudre à croire qu’elle est à fond. On dit que le symbole du coq est bien choisi pour la France puisque c’est le seul animal qui continue de chanter avec les pieds dans la merde.
On les a bien dedans et franchement, on ne chante pas bien fort.