« Une exécution ordinaire » de Marc Dugain ( Studio Canal )
Le film
3.5 out of 5 stars
Les bonus
2.5 out of 5 stars
Sortie dvd : le 08 juin 2010
Bien sûr, il y a le personnage de l’Histoire, un dictateur féroce. Et puis le comédien, André Dussollier que l’on n’imaginait pas un jour revêtir les frusques du « petit père des peuples. » Un pari fou, et même impensable, sur lequel je n’aurai pas misé un copeck. Il l’habite pourtant entièrement au point que quelques chafouins reprocheront certainement , à la fois son talent et son désir de vérité.
Quand Bruno Ganz prit le mauvais pli d’un Hitler à la folie furieuse, ils étaient déjà là à dénoncer l’utilisation artistique d’un passé qu’il faut pourtant bien resservir.Dussolier, donc, plus que parfait dans ce Staline qui sous des airs volontiers débonnaires, cache une volonté de fer et une quête de puissance absolue frôlant la démence. A partir de son roman éponyme , Marc Dugain se charge de l’adptation . Un autre pari fou, et pourtant réussi.
A l’automne 1952, quelques mois avant sa mort, Staline malade fait venir en secret un jeune médecin urologue moscovite , Ekaterina (Marina Hands ). Elle allège les souffrances de ses patients en imposant les mains sur leur corps.
Une fois que la jeune femme a franchi les portes du Kremlin,sa vie est désormais entièrement aux mains de Staline . IL s’octroie un pouvoir absolu sur elle et son mari physicien que joue Edouard Baer, complétant ainsi une distribution cent pour cent française, ou presque , qui aurait pu nuire à la crédibilité du récit .
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Les premières images confortent d’ailleurs cette impression, dans le regard d’un concierge délateur et sirupeux remarquablement joué par Denis Podalydès ou d’un directeur d’hôpital ( Tom Novembre ) tout aussi bon, bien que son rôle soit beaucoup plus secondaire.
Mais la force du récit écrit et mis en scène par Marc Dugain ( chapeau pour un premier film ) évacue le malaise d’un casting couronné par la performance de Dussolier . J’avais lu le livre , il y a deux ans environ et c’est en voyant ce film que les pages me sont revenues à l’esprit . Le cinéaste n’a pas trahi le romancier, bien au contraire, et sans s’accrocher mordicus à la trame littéraire , il restitue bien cette période de terreur sur un mode intimiste.
Loin des grandes fresques cinématographiques, il nous rappelle la grande Histoire dans l’intimité d’un tyran , qui à la face du monde terrorise tout un peuple . Un contraste saisissant et une lorgnette bien affûtée par ce cinéaste qui dans sa mise en scène demeure très prudent, presque classique . Mais le sujet , exigeait peut-être un tel traitement, de la part d’un réalisateur novice qui pour ses premiers pas , fait des pas de géants.
Ils emboîtent ceux de Marina Hands, qui au fil de ses prestations gravit un peu plus chaque fois les échelons . César de la meilleure actrice en 2007 avec sa bouleversante composition dans « Lady Chatterley » de Pascale Ferran ( très bientôt dans ce blog ) , elle est l’incarnation sans faille de la dimension humaine confrontée au totalitarisme , quel que soit son champ d’application .
Une femme forte , intelligente , totalement désarmée devant l’ignominie . Marina Hands, n’en fait jamais trop . Une très grande comédienne .
LES SUPPLEMENTS
Vu le film, on pouvait s’attendre à des bonus plus percutants..
Entretiens avec Marc Dugain et Marina Hands.
C’est plutôt classique : le réalisateur et la comédienne donnent leur point de vue sur la réalisation et l’interprétation.
Yves Angelo, directeur de la photo
Un discours assez technique dans l’ensemble, mais personnellement je m’y suis laissé prendre.
«On partait sur une improvisation de la caméra.Les acteurs dans un cadre répété étaient très libres de leur mouvement; ils bougeaient selon leur propre sensation et la caméra à la main filmait ça comme elle le voulait, pour faire appel à la sensation, plus qu’à la réflexion d’un regard.(…) J’ai été moi-même prix au piège de cette façon faire.L’ univers visuel dépend de cette technique. Vous avez peu de projecteurs et donc vous caractérisez une zone dans l’image au détriment du reste.(..) Il s’agissait alors de ressentir une sensation, plutôt que de rendre réaliste.Seul Staline devait ressemblait à Staline et, ce n’est pas le travail photo qui a permis de voir un Staline très approchant, mais le maquillage qui est très bien fait.(…)Ce n’est pas 200 ou 300 plans qu’il faut réussir, mais l’impression des plans; l’humeur d’un film est plus compliquée paradoxalement à faire ressortir que de réussir des plans ».
MAIS ENCORE
Staline , vu par Wajda c’est aussi « Katyn » un massacre perpétré en Pologne pendant la seconde guerre mondiale . Je vous en parle dans ce blog .