Magazine Poésie

Evocation (Carlos Drummond de Andrade)

Par Arbrealettres
Evocation (Carlos Drummond de Andrade)


Evocation

A l’ombre de l’usine, ton jardin
était tout petit, sans fleurs.
Des plantes y naissaient et renaissaient
pour n’être pas regardées.

De vagues projets d’existence
s’exhalaient du soleil et de l’eau,
et même de cette sécrétion
qui dans tes yeux se retenait.

Nul ne t’a vue lorsque, courbée,
tu écartais l’escargot
du chemin étroit des fourmis,
nul même n’a entendu ton appel.

Car tu as appelé (il était tard déjà)
et la voix de l’usine a amorti
ta fugue pour le sans-pays
et le sans-temps. Mais je me souviens de toi

et je te rattrape vivante, petite fille,
concevant si tôt le projet de ce jardin
où, je le sais, tu te trouves recluse,
sans que nul, nul ne te pressente.

(Carlos Drummond de Andrade)


Illustration



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arbrealettres 2788 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine