Summertime

Publié le 04 juin 2010 par Ladytelephagy

04 juin 2010

Summertime

En quelques années, le calendrier téléphagique s'est modifié.
Jusqu'il y a 6 ans, l'été, c'était aux États-Unis ce que c'est en France : une période-poubelle pendant laquelle on bazarde quelques rediffusions, ou des rediffusions de rediffusions. C'est-à-dire que, quand on est une chaîne de télé, on est un peu obligé de diffuser des trucs, quoi, laisser une mire pendant trois mois ça le fait pas trop, et puis on peut pas non plus ne diffuser que de la pub (je suis sûre qu'on a dû en rêver plus d'une fois chez TFHein, pourtant).

Et puis un jour, il y a eu un pionnier qui s'est levé et qui a dit : "ah ouais mais en fait nan", et qui a décidé de lancer pas moins de 6 nouveautés dans sa grille d'été. On était à l'aube de ce qui allait devenir la saison estivale 2004, et jusque là, il n'y avait pas de saison estivale. Ce pionnier, au lieu d'être une chaîne du câble comme on pourrait le penser, c'était la FOX.
Lancer des émissions l'été, ce n'était pas nouveau, mais en lancer 6 d'un coup, c'était énorme ; il y avait Quintuplets, North Shore, Method & Red, The Jury, côté fictions, The Casino et Trading Spouses, côté... autres.

Aujourd'hui on trouve tout naturel (et pas seulement si on est coutumier des us de la fiction asiatique) de parler de "saison estivale". Car tout le monde ou presque l'a suivie dans l'aventure, certaines chaînes avec plus d'enthousiasme que d'autres.
La série d'été est devenue quasiment une évidence, et en 6 ans, elle est même devenue quasiment un genre à elle seul. En suivant la tradition de North Shore, des séries comme Burn Notice, Californication ou Royal Pains ont établi des critères : du ciel bleu, pas trop de complication, une recherche du glamour un peu plus poussée qu'à l'ordinaire, mais on ne brade pas les intrigues pour autant. Toutes les séries d'été n'ont pas forcément réussi sur le long terme, mais force est de constater que "la saison dans la saison" existe à présent. Il y a encore 10 ans, ce n'était en somme qu'un trou béant. Pas mal, quand même.
Ce qui est fascinant c'est que, en quelques années, la série d'été a (re)lancé des carrières (je pense à Duchovny, à qui ça doit faire drôle de ne plus être appelé Mulder dans la rue), fait sortir des chaînes du lot (USA Network par exemple), et a même créé ses propres mécanismes.
C'est que, pour une série d'été, le challenge est différent : quand on revient un an plus tard (pour ceux qui décident d'attendre aussi longtemps... Nurse Jackie n'en a pas eu la patience, et tant mieux en ce qui me concerne, ça lui correspond mieux), c'est autre chose que laisser son spectateur en suspens pendant trois mois. Que sont devenus les personnages près d'un an plus tard ? Lorsqu'ils vivent dans un coin ensoleillé et/ou touristique, où ont-ils passé l'hiver ? Comment reprendre une intrigue qu'on a laissée pendue à un cliffhanger entre septembre et juin sans perdre tout le monde ? Il y a des questions que les scénaristes avaient rarement à se poser auxquelles il faut maintenant répondre, et vite, car il y a foule. Nouvelle niche, nouveaux défis.

Par exemple, Royal Pains a vite choisi de reprendre ses personnages exactement où elle les avait laissés, à peine quelques heures plus tard. Ça peut sembler légèrement décevant mais au moins, le spectateur ne risque pas de mettre 10 minutes à raccrocher les wagons ! Après, ce stratagème, parfait pour lancer une deuxième saison, peut aussi avoir ses inconvénients à mesure que la deuxième saison avance. A un moment, on va bien se retrouver hors-saison... il faudra alors trouver une autre astuce pour garder le ciel bleu, contractuel, dans la série.
Mais ces nouveaux défis sont exaltants également pour nous, spectateurs. Nous allons là où aucun téléphage n'est jamais allé...!

La FOX voulait révolutionner la télé, elle a réussi. Pour trois mois de l'année en tous cas.
Eh ; c'est mieux que ce que fait ABC sur l'ensemble de l'année.

Burn Notice, Californication, Method and Red, North Shore, Nurse Jackie, Quintuplets, Royal Pains, The Jury