Qu’il est amusant, ou attristant c’est selon, dans cette période de dictat monétaire des banques, des agences de notation, de la commission européenne et de la Banque Centrale Européenne, de voir s’exprimer les contorsions sémantiques ou les vœux inavoués des grands défenseurs de l’Euro fort au pouvoir.
D’un côté, toute leur politique consiste à faire avaler les couleuvres de l’austérité au peuple souverain et de l’autre, ils rêvent en cachette que la dépréciation de l’euro sur les marchés financiers viendra compenser les effets néfastes de leur propre politique sur l’activité du pays.
Cette schizophrénie politique digne des économistes en manque d’imagination qui pullulent dans les rédactions journalistiques et qui amène à des prises de pied dans le tapis sémantique au plus au niveau de l’Etat, est une démonstration forte que nos décideurs ne croient absolument pas à que ce qu’ils essaient de faire avaler à leur concitoyens et que leur projet puisse avoir un quelconque effet bénéfique pour l’avenir de l’économie nationale. En clair ils nous mentent.
Chacun sait qu’aucune politique de contraction des dépenses publiques n’a jamais permis de réduire le chômage, d’améliorer le pouvoir d’achat, ni de tirer une quelconque croissance économique. Au contraire les effets néfastes d’une telle politique creusent toujours à terme les inégalités dans l’unique objectif de satisfaire des détenteurs de capitaux qui eux-mêmes à partir d’un certain moment s’inquiètent de la contraction du pouvoir d’achat qui est sensée tirer la croissance. Terrible maladie.
Ce double langage, preuve d’un tiraillement schizophrène entre conscience économique d’aller droit dans le mûr et choix idéologique de classe qu’il s’agit de maintenir électoralement coûte que coûte, constitue un tour de force de l’ombre que les citoyens voient de plus en plus apparaître en pleine lumière tant les contradictions apparaissent au grand jour dans les discours quotidiens. Tous les grands libéraux d’hier finissent par être obligés de reconnaître que l’Euro qui baisse est un bol d’air économique pour tout le monde alors que tout leur discours depuis Maastricht visait à expliquer à coup de propagande grossière que l’Euro fort était la garantie d’une sécurité européenne en matière économique au nom de l’inflation jugulée, mais au détriment des protections sociales, des solidarités nationales et de tout ce qui contribuait à l’amélioration du bien être du plus grand nombre.
Les maladies qui se cachent en famille apparaissent parfois après un long lapse de temps au grand jour, j’ai bien l’impression que c’est ce à quoi le peuple français assiste désormais dans le capharnaüm des libéraux avisés d’hier, désormais bien peu crédibles.