Corporel
L’arabesque en forme de femme
balance des feuilles tendres sur le blanc
de la peau.
Elle transmue des cuisses en rythmes,
des genoux en tulipes. Et elle danse
en reposant. Maintenant s’incline
en turgides, promettantes collines.
Tout s’allonge: c’est une terre
parsemée de minéraux arrondis,
bracelets, anneaux multipliés,
mandolines de douceur aux reins chantant.
Où s’apaise le mouvement, naît
spontanée la parabole,
et un orbe, un sein, une baie
font s’écouler, sans fin,
la modulation de la ligne.
De cinq, dix sens, s’enfle
l’arabesque, pomme
polie dans la rosée
de corps qui s’enlacent et se déprennent
dans la courbe courbe courbe bien-aimée,
et ce que le corps invente est chose ailée.
(Carlos Drummond de Andrade)