Ça recommence, et à l'aube du sang écarlate dans des éprouvettes, et mon nom marqué dessus, et c'est reparti, sans en finir, les couloirs, les salles aseptisées, l'odeur si particulière de ces endroits où l'on meurt, où l'on revit aussi, où l'on pleure pour ne pas rire, où l'on plaisante pour ne pas crier. Ces blouses blanches, ces yeux ronds, un numéro, les hésitations, les coudes sur le gros dossier et mon nom marqué dessus, suppositions, prévisions, ignorance qu'on camoufle en ordonnances, pour essayer, vérifier, contrôler, abîmer tout autant, sécheresse des voix à l'indifférence excessive, blessante dans son évidence, l'histoire qu'on raconte encore et encore, les maux, dans la douleur qui ne trouve pas de mots à sa hauteur. Je m'épuise à m'accrocher en de vains espoirs, et je recommence. Et heureusement, eux, lui, nous, les nuits en frissons, tes bras qui me serrent si fort, ton plaisir à l'écho d'un mien tout aussi puissant, l'exception de ces moments qu'on arrache tant bien que mal aux autres. Je me fabrique ces instants qui remplissent mon vide, qui s'imposent aux incertitudes, et quelques conneries autour qui m'agacent progressivement. Il y a ces attentions, ces coups au cœur, cette date opéra, des programmes, des rendez-vous, ces bisous, ces pensées jetées, spontanées. Cette merveilleuse qui me comble tant, comme jamais auparavant, à la connivence de nos blessures et de nos songes de princesses en deux pièces. Il y a mon Il pour Elle, nos secrets dévoilés et quelques espoirs un peu partout, sans regrets jamais, pour toujours, je te souhaite tant et tu le sais évidemment sans l'ombre d'un doute, et discrètement un ange veille dans un petit coin de ma vie. Il y a même les silences, une odeur caramel et je t'imagine, t'envisage, t'espère et je t'aime. Il y a ce temps qui coure partout, cette envie impossible et quelques rêves qui s'érotisent de l'interdit. Avec tout ça je récidive et je rechute dans un sourire.