Allez, encore un petit effort pour ce dernier jour de marathon concerts. Surtout que samedi, la journée commence très tôt avec les représentations tant attendues du Parc Miro en plein cœur de Barcelone. Seuls les plus courageux s’y rendent, car il faut dire que le soleil y tape fort, et que l’ombre des palmiers n’y change rien. L’enchaînement des trois groupes de l’après-midi est sacrément alléchant. Tout d’abord Circulatory System alias ni plus ni moins la reformation d’Olivia Tremor Control. Will Cullen Hart ressemble un peu à un clone grossi d’Elliott Smith, et malgré un début de concert délicat niveau sonore (basse trop présente), la sauce finit par prendre et des morceaux comme "Overjoyed" remportent l’adhésion.
Rapide changement de scène et c’est au tour du quatuor montant Thee Oh Sees de se charger des festivités. Le groupe de San Francisco représenté par John Dwyer est bougrement efficace, totalement primitif, et dans une veine Cramps que l’on ne croise pas trop ces temps-ci. Très belle découverte. Enfin, Ganglians dont je dois vous chroniquer Monster Head Room depuis des lustres prend le relai. Le climax du Parc Miro est alors à son comble lorsque ces Beach Boys modernes déversent leur hypnotique son psyché californien. Lors d’un morceau comme "Valiant brave", le temps semble suspendu et la scène irréelle, au milieu de cet oasis artificiel, lui-même au milieu de cette ville en ébullition.
Le reste de la soirée pourrait même être anecdotique à côté de ça. Oh il reste encore du lourd, je ne dis pas, mais le plus gros semble déjà passé. Je verrai encore trois jolis prestations sur la scène Pitchfork : le psychédélisme cool de Real Estate, les transes cycliques de Bradford Cox alias Deerhunter alias Atlas Sound et enfin le girl power sauvage des Dum Dum Girls. Tout ça passe comme une lettre à la Poste.
En grosse scène, je ne serai tenté que par Dr Dog, apparemment ancien groupe rock américain qui a sorti un très bel album cette année : Shame, Shame, et ma curiosité me pousse à découvrir le phénomène Florence + The Machine la dernière chouchou de la BBC. A 22 ans, celle que les Inrocks surnomment la sorcière pop joue effectivement dans la surenchère, et personnellement son côté gueulard ne m’a pas convaincu.
Restent trois concerts de poids pour la route. Grizzly Bear, que je n’avais encore jamais vu et qui sont vraiment impressionnants. A quatre en configuration en ligne sur la très grosse scène Ray Ban, ils jonglent entre Yellow House et Veckatimest avec une facilité déconcertante tout en déformant juste ce qu’il faut les morceaux. Vraiment très bien. Vient ensuite un autre revival 90’s de l’indie rock américain : Built To Spill. Si je ne me souviens pas trop de leur concert, j’en garde une image très pop, avec des morceaux riches et d’agréables riffs de guitare. Ne manquaient vraiment à cette édition que Dinosaur Jr et Guided By Voices pour boucler la boucle.
Last but not least, le seul artiste complètement hors programmation par rapport au reste, le Salvador Dali jamaïcain, The Upsetter, Mr Lee Scratch Perry himself ! A 75 ans l’un des derniers papes du roots reggae encore en activité donne une prestation impeccable, et clôt dans un épais nuage de fumée naturelle ce festival très rock par un bon petit dub. Beau signe d’ouverture, et bon anniversaire au Primavera ! On se dit à l’année prochaine.
Primavera Festival de Barcelone, Jour 1#
Primavera Festival de Barcelone, Jour 2#
"Fake blues" par Real Estate
"Blood on the sand" par Ganglians
"Conventional Wisdom" par Built To Spill
Crédits photo Dani Canto / Inma Varandela ©