Voici le papier qui paraît dans CB News n°1061 lundi.
Les journaux sont disponibles sur la tablette d’Apple mais n’ont pas pour le moment trouvé leur modèle.
Le 28 mai, le Saint-Graal, pardon, l’iPad a débarqué sur le marché français. Avec cette nouvelle technologie, les éditeurs de presse notamment nourrissent des espoirs fous pour enrayer la logique du tout gratuit qu’ils ont encouragée et mise en place sur l’internet. Avec les regrets que l’on sait aujourd’hui devant la perte de revenus sur la diffusion. L’iPad doit permettre, selon les dires des éditeurs, de « redonner la culture du payant à l’utilisateur » et de « rappeler que l’information a un coût ». Du coup, on attendait beaucoup des applications iPad et des modèles économiques que les éditeurs mettraient en place. Grâce à l’agence de marketing Pure Agency, CB News a pu tester le dernier-né d’Apple et surtout éprouver la créativité des éditeurs dans le développement de leurs applis.
Au final, le résultat n’est pas encore tout à fait convaincant et le modèle économique pas réellement posé. « Si les consommateurs sont prêts à du micro-paiement, ils ne sont pas dupes, souligne Olivier Mazeron directeur général de Group M Interaction. Le succès d’une application dépend du contenu à forte valeur ajoutée qu’elle fournit, de son côté nouveau et innovant, pas de savoir si elle est payante ou gratuite ». Une fois ce principe posé, passons en revue les différentes applications presse d’ores et déjà disponibles.
Premier enseignement de ce galop d’essai, la presse magazine réussit pour le moment mieux que la presse quotidienne. L’application Paris Match est par exemple réellement novatrice. Le magazine, qui a peiné à trouver ses marques sur le web, offre une application mûre, avec des partis pris de mise en page, une très belle iconographie qui renoue sans conteste avec le slogan historique du journal « le poids des mots, le choc des photos », et de très nombreux contenus multimédia, notamment vidéo. Bref, Paris Match parvient à utiliser sa spécificité de marque presse et à se servir des fonctionnalités offertes par l’iPad. Côté économie, le téléchargement est gratuit. Dans le même ordre d’idée les applications des magazines américains Wired et Time Magazine sont très ludiques et bien ancrées dans l’univers multimédia qu’est l’iPad.
Les choses sont moins positives concernant les applications des quotidiens. la plupart d’entre eux se sont pour l’instant contentés d’adapter leur version papier à la lecture sur iPad, grâce à des liseuses plus ou moins agréables. Le Monde offre par exemple la possibilité de lire le quotidien du jour moyennant 0,79 centimes d’euros, à moins d’être abonné au journal ou au site internet pour profiter gratuitement des services de l’iPad. A part ça ? Pas grand-chose. Etonnant de la part du Monde qui a été plutôt en pointe sur internet puis sur l’iPhone et ne profite pas, ici, des fonctionnalités de l’iPad … Le constat est sensiblement le même pour Libération, l’Equipe et Les Echos dont les applications sont toutes envisagées comme un moyen de lire le quotidien papier en le dématérialisant et sans passer par le kiosque. Bref, en restant dans son lit. Autre avantage de l’iPad, le féru de presse paiera moins cher son quotidien (0,79€ au lieu de 1 ,3€ en moyenne) et pourra le lire dès 23 h, la veille de sa parution.
Reste la stratégie adoptée par Le Figaro. Ce groupe a été le seul à tenter le pari du couplage entre l’info continue disponible sur son site web et la liseuse donnant accès au journal. Tout cela étant accessible pour 0,79 € par jour ou grâce à un abonnement. A noter que, d’ici à quelques semaines, tous les services abonnés des offres payantes en ligne du Figaro seront également disponibles. L’ergonomie connaît des ratés, mais il y a un réel effort d’apprivoiser les possibilités de l’iPad. Seul hic : l’info en continu qui est accessible en payant sur l’iPad est gratuite sur le site… Les stratégies des éditeurs ne sont donc pas encore au point. Les applications sont encore des vitrines qui feront grimper l’audience, mais pas forcément les recettes. Du moins pour l’instant.
David Medioni