Le Sénat avait eu la sagesse, par des amendements de l’UMP soutenus par la gauche, de retirer le Défenseur des enfants du
dispositif fourre-tout du « défenseur des droits ». Un petit déjeuner élyséen plus tard et la Haute Assemblée s’est mise au garde à vous présidentiel. Le sénateur socialiste Robert Badinter a
dénoncé « le fait du prince » et affirmé, avec son ton des grands combats et des causes justes, que « le véritable vaincu, c’est la défense des intérêts des
enfants ». C'est « une manière de bafouer notre assemblée qui a délibéré longuement sur cette question, le Sénat s'est prononcé en connaissance de cause », s'est
exclamé son collègue Jean-Pierre Sueur. Amnesty International France « regrette fermement la volonté ainsi affichée par le gouvernement de le faire revenir sur un vote allant dans le
sens des recommandations des associations et de la Commission nationale consultative des droits de l'homme ».
L’actuelle titulaire de la fonction, Dominique Versini, a eu des mots très durs sur France Info pour dénoncer
ce revirement. Elle a balayée d’un revers de main les accusations d’intérêt partisan en rappelant qu’elle avait été secrétaire d’Etat d’un gouvernement dirigé par Jean-Pierre Raffarin. Pour
l’ancienne candidate UMP aux législatives à Paris, ce qui dérange avant tout le pouvoir en place, ce sont les positions prises par l’institution dont elle a la charge sur des questions aussi
délicates que la justice des mineurs ou la rétention administrative d’enfants de sans-papier. C’est bien là le fond du problème. Nicolas Sarkozy ne supporte aucun contre-pouvoir. Alors quand il
ne parvient pas à les confondre, il les noie, les délite, les vide de leur substance. Jouant les « Tontons flingueurs » de notre démocratie, il dynamite, il disperse, il ventile...
Inlassablement, Nicolas Sarkozy poursuit son travail de sape contre ce qui fonde notre République. Jusqu’à quand ?
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