L‘hôtel est tranquille, son architecture très belle, la chambre est simple, fonctionnelle, spacieuse, fraîche, avec un balcon ombragé fournit de tout ce qu’il faut pour lire, se reposer. Le temps est beau, il n’y a pas beaucoup de touristes, même s’ils sont un peu collants ou trop bavards, les tunisiens sont gentils.
Il y a une belle piscine, avec peu de monde autour, dont la grandeur permet de nager et de faire des longueurs, il y a une belle plage avec transats et toits de paille réservés, il y a des souks à visiter, des sites archéologiques romains, des villes, des mosquées, des bons restaurants, il y a à louer voitures, scooters, calèches, circuits, tout à tous les prix, tout pour toutes les bourses.
Il fait chaud mais pas trop. La période est idéale,on peut marcher, se faire bronzer, tout ce qu’on veut. C’est le séjour de vacances de rêve. Aucune ombre au tableau, même pas venant du ciel. Je me sens bien.
Trop bien.
Un manque, insidieux et perfide point son nez. J’ai beau être rassasiée de tout ce qu’un vacancier, un touriste, un estivant, un voyageur, un découvreur peut vouloir avoir, je n’arrive pas à lâcher prise, à sentir la satisfaction du repos, l’osmose spirituo-corporelle qui devrait m’envahir dans ce blanc univers ensoleillé et calme, ces espaces détendus et très agréables.
Pas un seul bruit de ville, des oiseaux chantent toute la journée dans les arbustes fleuris qui jonchent les allées de l’hôtel mauresque et blanc. Je pense à écrire, à beaucoup lire, oui, mais surtout à écrire. Penchée sur un ordinateur, le cerveau en branle, les mains disciplinées.
Le travail virtuel me manque. Je suis comme une vieille addicte en sevrage. Mes neurones souffrent et se recroquevillent, ils vont exploser de tant d’inactivité. Que le travail soit professionnel, privé, littéraire, linguistique ou tout simplement un peu stressant, il me manque.
Et je ne veux pas d’un sevrage inopiné. Il me faut rétablir un équilibre, une tension, une vue de haut, de bas, de travers, être à l’affût, sentir la nécessité de calculer, de penser; et le faire.
Je vais donc me sevrer de ce sevrage et remettre un peu de stress dans ma pensée. Non pas m’inculquer les mauvaises énergies qui pourraient être la frustration, l’envie, le défaitisme, la peur, l’appréhension, non, plutôt le désir, la mise en scène, les archéologies, les mots, les gens, les paroles, les descriptions, les émotions.
Je reprends un ordinateur, je reprends des notes, des partitions à déchiffrer, des livres à terminer en quelques heures… Une certaine planification du reste à faire…
Ah! Le bonheur revient, tout coloré.
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