Planètes

Par Ledinobleu

2075, l’époque où la pollution de l’espace est devenue un problème.

Ai Tanabe, une jeune femme pleine de principes et d’illusions, réalise enfin son rêve de partir travailler dans l’espace, et se retrouve assignée à la « Section Débris » de la station Seven comme scaphandrier. Curieuse équipe d’ailleurs, qui est surnommée « Half Section » car elle ne compte que la moitié du nombre de personnes requis, mais quelles personnes…

Entourée de gens aussi hauts en couleurs mais pas exempts de doutes pour autant, Ai fera l’expérience la plus importante de sa vie, surtout à travers son tandem avec Hachimaki, le scaphandrier principal, qui rêve de posséder son propre vaisseau spatial et de marcher sur les pas de son père – un astronaute émérite.

Cette série de 26 épisodes basée sur le manga de Makoto Yukimura fut réalisée avec les conseils d’experts de la NASA pour mieux respecter tous les aspects scientifiques et techniques de la collecte de ces débris de l’espace qui posent un grave danger pour les navires spatiaux : à cette époque où la haute orbite et la Lune sont devenues les banlieues de la Terre, le trafic spatial exige des routes parfaitement « propres » car le moindre pépin peut vite s’avérer fatal…

Bien entendu, cette exploitation des ressources de l’espace a laissé derrière elle les nations les moins industrialisées au profit des plus avancées, et l’organisation terroriste Space Defense Front se charge régulièrement de rappeler à ces dernières qu’elles feraient mieux de faire le ménage sur la Terre au lieu de le faire dans l’espace.

Outre une réalisation très soignée pour une série TV, tant au niveau de l’animation que des designs des personnages ou des mécaniques, Planètes aborde avec brio la réalité des aspects scientifiques et techniques de la conquête de l’espace, mais sans oublier la dimension humaine des choses pour autant : loin du discours souvent tarabiscoté et parfois incompréhensible d’un Star Trek, sans exposition fastidieuse et rébarbative de procédés techniques à travers des explications toujours laborieuses, Planètes intègre avec habileté les données réelles grâce à une réalisation audacieuse qui frôle le subliminal. Au lieu de séparer la science de l’humain, cette histoire les combine brillamment dans un cocktail explosif mêlant sérieux et dérisoire, humour et tristesse, réalité et optimisme…

D’abord organisée en épisodes « indépendants » qui abordent tous des aspects précis de ce futur pas si lointain que ça et où les deux tourtereaux de l’histoire se tournent autour sans vraiment se voir, le récit prend sa forme la plus intéressante aux alentours de la moitié de la série quand commence le recrutement pour la mission Von Braun chargée d’atteindre Jupiter. Car dans cet avenir hypothétique, une des solutions à la crise de l’énergie se trouve dans l’atmosphère de la plus grosse planète du système solaire dont l’hélium 3 sera la source qui alimentera le procédé révolutionnaire de la fusion nucléaire

Mais les nations les moins avancées n’en profiteront pas, une fois de plus, aussi le Space Defense Front choisira-t-il de montrer le bout de son nez dans une ultime démonstration de force : les intérêts et les personnalités s’y entrechoqueront de façon tout à fait spectaculaire et dans un suspense à toute épreuve.

À ne rater sous aucun prétexte !

Notes :

Le mot grec ΠΛΑΝΗΤΕΣ qui sert de titre à cette série dans sa version originale signifie littéralement « vagabond » ; il était utilisé dans l’Antiquité pour désigner les étoiles qui semblaient se déplacer sur la voute céleste, et a servi à donner le mot français « planète ».

La référence au golf sur la Lune dans l’épisode sept est un clin d’œil au capitaine Alan Shepard de la mission Apollo 14 qui, en 1971, réalisa un drive d’environ 2000 mètres – faisant ainsi du golf le seul sport joué sur une autre planète.

L’orbite Clementine est une référence à la sonde éponyme de la NASA grâce à laquelle on découvrit en 1994 que de la glace se trouvait peut-être sur les pôles de la Lune – information depuis vérifiée.

Le format de fichier Ogg évoqué dans l’épisode 19 existe réellement : c’est un codec vidéo du nom complet de Ogg Theora.

Une scène de l’épisode six, à 20 : 30, est un hommage au célèbre film Les Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa.

Planètes, Goro Taniguchi, 2003
Beez, 2007
26 épisodes, env. 86 € l’intégrale

- cet anime remporta en 2005 le prix Seiun (équivalent du Hugo américain)
- d’autres avis : Krinein Magazine, Akihabara-No-Baka
- le site officiel de la série chez Beez

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka